L'EVANGILE
SELON PILATE
Article
publié dans la Lettre n° 237
L’EVANGILE SELON PILATE d’Eric-Emmanuel
Schmitt. Mise en scène Christophe Lidon avec Jacques Weber, Erwan
Daouphars.
Eric-Emmanuel Schmitt « n’avait jamais prêté attention à cette étrange
histoire d’un charpentier mort sur une croix, construite par un
autre charpentier ». Elevé athée dans une famille athée, ses études
de philosophie ne lui avaient pas permis d’y réfléchir davantage.
Il lui fallut une nuit au Sahara pour que s’éclaire tout à coup
le chemin, pour que s’opère sa rencontre avec Dieu, celui de Moïse,
de Jésus ou de Mahomet, là n’était pas le plus important. Une seconde
nuit, à Paris, et la lecture d’une traite des quatre Evangiles,
le mena vers l’éblouissement, vers ce qu’il nomme « mon christianisme
». Du fruit de cet aboutissement, il nourrit un roman: l’Evangile
selon Pilate . L’auteur y fait revivre, d’une manière originale
et personnelle, l’histoire qui depuis 2000 ans façonne et fascine
l’être humain. Au gré des lettres qu’il adresse à son frère, Ponce
Pilate, préfet de Judée, tente d’élucider l’énigme de ce « magicien
», mort sur la croix et dont la dépouille vient de disparaître.
Tout comme lui, avec les quatre Evangiles, le lecteur parcourt d’une
traite ce roman mené comme une enquête, doté d’un raisonnement profond,
intelligent et sans failles, d’un style et d’une écriture d’une
formidable richesse qui ont fait la renommée de l’auteur.
De son roman, Eric-Emmanuel Schmitt a prélevé, pour l’adaptation
théâtrale, les moments les plus importants, les répliques les plus
vibrantes et les plus intenses, afin que cette parole donnée à Pilate
aille à l’essentiel. Et en lui donnant la parole, il ne cherche
pas à convaincre mais à faire partager si ce n’est sa foi, du moins
ses interrogations: comment ce préfet de Judée qui abandonna la
vie de celui que l’on nomme Yéchoua à la décision du peuple juif,
vécut-il cet événement inouï d’un corps crucifié et enseveli qui
disparut et réapparut? Comment mena-t-il cette enquête délicate
mais surtout, sous l’influence de sa femme Claudia, convertie après
avoir été guérie par le magicien, quel fut son cheminement
intérieur et sa vie en fut-elle changée? La mise en scène rigoureuse
de Christophe Lidon, le décor à la fois simple et judicieux de Claude
Lemaire ainsi que la présence à ses côtés d’ Erwan Daouphars, scribe
discret mais attentif, permettent d’offrir à Jacques Weber un rôle
à la mesure de son talent. Interprétant avec rigueur et sobriété
un Ponce Pilate impérial et envahi par le doute, il nous offre un
grand moment de réflexion. Théâtre Montparnasse 14e.
Retour
à l'index des pièces de théâtre
Nota:
pour revenir à « Spectacles Sélection »
il suffit de fermer cette fenêtre ou de la mettre en réduction
|