L'ETAU
- LA FLEUR A LA BOUCHE
Article
publié dans la Lettre n° 183
L’ETAU - LA FLEUR A LA BOUCHE de Luigi
Pirandello. Mise en scène Jean-Philippe Lucas Rubio avec Marie-Laudes
Emond, Aurélie Fouquet, Maxime Leroux, Jean-Marc Talbot.
Luigi Pirandello est l’une des figures majeures du Théâtre du XXe
siècle. Il dépeint des univers clos, de non-dit, de fausses apparences.
Ses personnages servent un dessein obscur de mensonges, de vérités
parallèles. Du Bonnet du fou à La Volupté de l’honneur, c’est un
théâtre fort, adulte, acéré. On connaît moins l’Etau et La Fleur
à la Bouche, deux courtes pièces qui n’ont pas la force des autres
créations. La première décrit une situation conventionnelle: le
mari, la femme et l’amant. Ces derniers sont agités par le doute.
Sait-il ou ne sait-il pas? Va-t-il ou non abattre ses cartes? Bas
les masques. Mais dans l’univers pirandellien, les dénouements sont
plus subtils, plus féroces. La Fleur à la Bouche est pratiquement
un monologue étourdissant, une spirale inquiétante, où l’on croit
reconnaître l’un des personnages de l’Etau. Jouant avec cette éventualité,
Jean-Philippe Lucas Rubio a construit une mise en scène très souple,
privilégiant le texte et les comédiens, il sert le théâtre intelligent.
Le passage entre les deux textes permet de prendre une pause de
réflexion. Jean-Marc Talbot interprète un amant falot dans l’Etau,
mais il nous épate dans La Fleur à la Bouche. Sa capacité d’écoute
et son jeu devraient faire école. Face à lui, Maxime Leroux est
absolument remarquable, tenant toute la deuxième pièce, il entraîne
le spectateur dans le délire de son personnage et trouve ici son
meilleur rôle. Théâtre 13 13e (01.45.88.62.22).
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