L’ENVERS DU DÉCOR

Article publié dans la Lettre n° 337
du 27 février 2012


L’ENVERS DU DÉCOR. Une comédie sentimentale et musicale de Florence Andrieu et Flannan Obé. Collaboration artistique Serge Gaborieau. Chorégraphies Estelle Danière et Philippe Fialho. Lumières Stéphane Balny avec Florence Andrieu, Flannan Obé et Yves Meierhans (au piano).
Frédéric a quitté Elisabeth et les planches il y a sept ans pour embrasser Gwenaëlle et une vie moins bohème. Elisabeth n’a pas tout à fait pardonné cette trahison. Elle présente actuellement en tournée un duo d’opérette avec un nouveau partenaire. Mais celui-ci vient d’avoir un accident. Bernard, le pianiste attitré de la chanteuse, a appelé Frédéric au secours pour remplacer le blessé au pied levé. Frédéric a accepté. L’ appel au secours vient de Bernard mais il est sûrement soufflé par Elisabeth, trop orgueilleuse pour le solliciter elle-même. Il se présente donc au théâtre avec son ancien costume de scène, n’ayant pas remis les pieds sur les planches depuis toutes ces années. Il a seulement mémorisé le programme en trois jours grâce au DVD du spectacle, bref une remise à niveau en accéléré. Une certaine angoisse mêlée d’affolement se fait sentir entre les coulisses et la scène dans l’urgence d’une représentation qu’il faut assurer coûte que coûte. Les griefs accumulés et les faux pas vont épicer une soirée qu’ils ne sont pas prêts d’oublier.
Cette comédie décrit ce que l’on imagine être l’envers du décor ou la vie en coulisses juste avant une représentation. Déjà plutôt stressante lorsqu’un spectacle est réglé, l’ambiance devient électrique au moindre problème. Et là Frédéric, Elisabeth et Bernard accumulent les soucis. Assurer un spectacle en tournée signifie la découverte d’une salle de province et de ses équipements, les faiblesses de l’encadrement, les errances de l’éclairagiste et de sa poursuite mais aussi la présence du maire et de sa femme … Le choix des morceaux interprétés a aussi son incidence, Elisabeth ayant créé une chorégraphie originale pour les agrémenter. Celle des palétuviers roses donne le ton. Celle de la mouche est plutôt saisissante. La star a en effet décidé de l’illustrer en ajoutant un déguisement. Les antennes font leur petit effet, encore faut-il s’en débarrasser à temps. En revanche, vouloir à tout prix danser un duo de tango avec des castagnettes, sous prétexte que « cela fait plus espagnol », (? !) se révèle plus complexe !
Vous l’aurez compris. Tout l’art de Florence Andrieu et Flannan Obé consiste à imaginer une succession de menues erreurs commises dans l’optique du gag final et ils ont des idées à perte de vue. La mise en scène très astucieuse dynamise la suite ininterrompue des catastrophes résolues à la diable et l’interprétation hilarante des trois comédiens bourrés de talent. Yves Meierhans, le pianiste donne en effet beaucoup de sa personne ... et de son costume, entre l’interprétation de deux morceaux.
C’est fou ce que peut inventer une poignée d’artistes dans un théâtre sans prétention et avec peu de moyens ! Ce trio de choc fait de cette comédie sentimentale et musicale un spectacle incontournable pour tout spectateur en quête d’une suite de fous rires incoercibles. L’ Envers du décor est sans conteste l’un des meilleurs spectacles comiques de l’année, ne le manquez pas ! Théâtre Le Ranelagh 16e.


Retour à l'index des pièces de théâtre

Fermez cette fenêtre ou mettez-la en réduction pour revenir à « Spectacles Sélection »