ELISE

Article publié exclusivement sur Interrnet avec la Lettre n° 353
du 15 avril 2013

ELISE de et avec Elise Noiraud. Mise en scène Baptiste Ribrault.
Elise …ou le paradis infernal des vertes années. Une jeune enfant subit avec innocence les habituels travers familiaux et l'expérience sociale d'une communauté villageoise. La galerie de portraits est significativement féminine. La mère, omniprésente, est dépressive, excessive à la mesure de ses névroses de femme frustrée et perpétuellement fatiguée. Sa sœur, hystérique patentée, passe ses nerfs sur tout ce qui l'entoure. La grand-mère, par une surdité hautement sélective, impose une perverse autorité. Les maris, père ou oncle, se font évanescents pour échapper aux hurlements de la basse-cour. L'institutrice est l'objet alterné de l'amour et du désamour, au gré des jalousies maternelles. La directrice de l'Ecole de musique s'écoute parler…et piailler. La tenancière de la droguerie-quincaillerie-bazar offre le spectacle haut en couleurs du cancan ordinaire.
Elise, fillette docile et joyeuse, raconte fidèlement les propos des adultes, les situations et disputes déconcertantes, les étonnements que lui suscite sa flûte traversière. Et l'immédiateté sans filtre de ce regard est d'autant plus corrosive. Elise Noiraud prête à ce théâtre de l'ordinaire assassin la diversité jubilatoire de ses voix et on rit de ce bain de jouvence à l'aune de ses propres réminiscences provinciales. Théâtre de Belleville 11e. A.D.

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