L’ECOLE DES FEMMES

Article publié exclusivement sur Internet avec la Lettre399
du 26 septembre 2016


L’ECOLE DES FEMMES de Molière. Mise en scène Philippe Adrien avec Patrick Paroux, Valentine Galey, Pierre Lefebvre, Joanna Jianoux, Gilles Comode, Pierre Dyot, Raphaël Almosini, Vladimir Ant.
Double, duplicité. Deux espaces qu’apparemment rien ne différencie, deux noms, deux maisons, l’intérieur du jardin champêtre et de la maison entrevue, l’extérieur totalement dépouillé de la vie publique, normale en somme, sauf pour Agnès. Le devant de la scène est le lieu indifférencié où se nouent les rencontres entre le jeune Horace et son supposé ami. Deux facettes du même Arnolphe, hobereau jaloux, tyrannique, pourtant fou de désir et d’amour enfin avoué. Deux âges, celui du presque vieillard acrimonieux, celui des amoureux tout à la jeunesse de leur victoire assurée. Deux Agnès, ou plutôt une naïve que la découverte d’un ailleurs de la vie amène à feindre et se dédoubler. Et une panoplie de personnages de l’entre-deux, valets farcesques mais complices joyeux, amis pleins de bon sens, notaire déjanté.
Arnolphe veut posséder Agnès, égoïstement, au prix de la violence, sans aucune préoccupation pour ce qu’elle est et veut, elle. Libidineux, brutal et inquiétant, il devient, quand son amour lui échappe, odieux et ridicule. Même la pitié n’est plus de mise à son égard. Agnès est lumineuse dans sa blondeur fragile, derrière laquelle on pressent une force têtue. Son Horace rit et vit dans un pas-de-deux d’amour et de gaieté, même quand son inconséquence babillarde le fait trébucher.
Bien sûr, ils se marieront, auront beaucoup d’enfants, riront souvent. Arnolphe ne pourra que sombrer dans une douleur probablement sincère, parce qu’il n’a rien compris à la vie, à la lumière, aux autres.
Les acteurs sont remarquables, chacun dans son registre, avec Patrick Paroux admirable d’intelligence du rôle et de diversité dans la palette des sentiments d’Arnolphe.
La mise en scène est constamment rebondissante, entre rires et brutalités, farce et noirceur, sombres méchancetés et vengeance de l’amour.
Cette pièce de Molière si souvent jouée n’a pas fini de nous étonner. En voici un excellent avatar à ne pas manquer. A.D. Théâtre de La Tempête Cartoucherie de Vincennes, 12e.


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