DRAMUSCULES
Article
publié dans la Lettre n° 363
du
20 janvier 2014
DRAMUSCULES de Thomas Bernhard. Traduction
Claude Porcell. Mise en scène Catherine Hiegel avec Judith Magre,
Catherine Salviat, Antony Cochin.
Deux paroissiennes, affichant une gravité de bon aloi, sortent de
l’église à l’issue du rosaire du soir et cheminent tout en devisant,
le missel à la main. Au détour d’un chemin, elles découvrent un
long paquet enveloppé dans un papier d’emballage. Elles l’examinent
de loin, effrayées, et se perdent en conjectures. Elles ne l’ont
pas remarqué en passant une heure plus tôt. Ne serait-ce pas le
corps d’un homme, jeté là à la sauvette ? Ne serait-il pas le fruit
d’un assassinat ?
Deux femmes, à la sortie de la messe du dimanche, bavardent près
du cimetière tout en interpellant le fossoyeur qui creuse la tombe
de monsieur Geissrathner. C’était un très brave homme ce monsieur
Geissrathner, oui, un très brave homme. Cependant…
Un soir à la maison, Maria tente vainement d’attirer l’attention
de son mari, policier de son état, hypnotisé devant la retransmission
d’un match à la télévision. Les réflexions de l’épouse modèle sur
le métier de son mari, chaque jour confronté à la racaille, ne reçoivent
pas l’écho espéré, et pourtant !
L’excellente mise en scène, réalisée à partir d’un recueil de pièces
courtes, donne une grande liberté d’action à Judith Magre et Catherine
Salviat qui interprètent des personnages remplis de componction
mais pourvus d’une langue de vipère bien pendue. Racisme, intolérance
et solutions drastiques, Thomas Bernhard se permet tout. Il leur
fait dire ce que pensent tout bas bon nombre de citoyens ordinaires
ou célèbres, à en croire les réflexions prononcées par des hommes
politiques, des philosophes ou des écrivains dont les petites phrases
font l’objet d’un concours organisé entre les deux dernières pièces.
Grinçant, cocasse et surprenant ! Théâtre de Poche 14e.
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