DOMINICI,
un procès impitoyable

Article publié dans la Lettre n° 313


DOMINICI, un procès impitoyable. Ecrit par Marc Fayet. Réalisé et présenté sur scène par Robert Hossein avec 18 comédiens dont Pierre Santini, Pierre Dourlens, Yannick Debain, Gérard Boucaron, Serge Maillat, Jean-Paul Solal, Jenny Bellay, Luc Florian, Dominic Gould, Vincent Labie, Géraldine Masquelier, Danik Patisson.
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, par une nuit claire d’août 52, trois anglais, Jack Drummond, sa femme et leur fille sont assassinés près de La Grand’Terre, la ferme de la famille Dominici. A la suite d’une enquête dont les conclusions sont loin d’être convaincantes, le chef de famille, Gaston Dominici, 75 ans, est accusé du triple meurtre après avoir nié, avoué puis s’être rétracté pour finalement être condamné à mort à la suite d’un procès qui défraie la chronique et dont l’ampleur dépasse les frontières.
Après Seznec (Lettre 310), Robert Hossein reprend le genre avec le même décor et une mise en scène identique, refaisant des spectateurs des jurés votant avec leur propre conviction la culpabilité ou l’innocence d’un accusé tout aussi tristement célèbre. Mais ce n’est plus le procès d’un homme seul face à un crime dont la victime était le centre d’une histoire fleuve et obscure, sinon celui d’un vieux paysan, face à l’assassinat tragique de trois personnes dont un grand scientifique, chimiste en passe de devenir prix Nobel, anobli par la reine et amoureux de la France dont la seule erreur fut d’avoir voulu passer une nuit à la belle étoile avec sa femme et sa fille, à 150 mètres d’une ferme provençale.
Si l’intérêt du procès Seznec, retracé récemment par Robert Hossein, se trouvait dans les nombreuses zones d’ombre de l’affaire elle-même, l’intérêt de celui-ci réside non pas dans le drame et ses mobiles aussi sordides que rocambolesques mais dans l’idiosyncrasie des personnages qui en furent les acteurs. L’art de Robert Hossein est ici de savoir éveiller l’intérêt avec les mêmes ingrédients, grâce à la plume de Marc Fayet, en offrant cette fois à travers le déroulement houleux d’un procès rondement mené, une peinture originale de la classe paysanne française de l’après-guerre, incarnée avec beaucoup de talent par ses comédiens et tout particulièrement par Pierre Santini, époustouflant patriarche autoritaire et taiseux d’un clan frustre, qui se déchirera jusqu’au bout, oscillant maladroitement entre mensonges et vérités mais gardant à jamais leur secret. Théâtre de Paris 9e.


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