LE DINDON

Article publié dans la Lettre n° 271


LE DINDON de Georges Feydeau. Adaptation et mise en scène Thomas Le Douarec avec Hugues Boucher, Nathalie Corré, Bénédicte Dessombz, Christian Mulot, Stéphanie Papanian, Elise Roche, Michel Scotto Di Carlo, Christof Veillon.
Lucienne Vatelin rentre ulcérée. Suivie depuis quelque temps dès qu’elle sort de chez elle par un dragueur de première, il la poursuit jusque dans son salon. Son union, vieille de plusieurs années est heureuse, elle est aussi fidèle que son mari, du moins elle le croit. Crépin, l’ami du couple, le sait d’ailleurs à ses dépens: il n’attend qu’un signe de Lucienne qui ne lui cèdera que si elle a la preuve que son mari la trompe. Elle s’apprête donc à renvoyer fraîchement l’indélicat à l'instant où Vatelin, entrant dans son salon, reconnaît en lui son vieil ami Pontagnac. La première gène passée, Pontagnac a la surprise de voir sa propre femme débarquer sans coup férir et en pleine forme, alors qu’il fait courir le bruit qu’elle vit à Pau, percluse de rhumatismes ! Mais notre séducteur a le mensonge facile et n’a pas dit son dernier mot. Si Vatelin est fidèle, le petit coup de canif dans le contrat dont il s’est rendu coupable un jour à Vegas le rattrape en la personne de la volcanique Maggie dont le mari « un ami de Marseille qu’il a connu à Vegas » ne plaisante pas ! Mis au courant par Vatelin qui a le couteau sous la gorge, Pontagnac va en profiter ! Un chassé croisé nocturne entre tout ce petit monde et le personnel d’un hôtel parisien sera dévastateur.
Cette pièce de Feydeau est l’une des plus connues, des plus réussies et des plus montées. Thomas Le Douarec revisite la mise en scène qu’il avait élaborée il y a douze ans pour notre plus grand plaisir. Au premier regard, on reconnaît la Le Douarec touch. Tragédies (Le Cid) ou comédies (Monty Python’s Flying Circus ou Arrête de pleurer Pénélope), son imagination débordante ose tout, même à mettre son grain de sel dans les textes, « faut s’y faire » ! Georges Feydeau serait sans doute surpris, mais sûrement amusé, d’apprendre que ses personnages, sans sourciller, se rendent à Las Vegas, prennent l’avion pour Pau, agitent leur carte bleue ou envoient des fax (le mail aurait été plus rigolo). Les nombreuses portes d'un décor ingénieux claquent et, la première surprise passée, le spectateur, adepte de la modernité, adhère totalement aux élucubrations ahurissantes des comédiens déchaînés, aux prises avec la mécanique bien huilée du vaudeville, de ses péripéties et de ses rebondissements, exploités avec un art consommé par la mise en scène et la scénographie, et dont Feydeau reste le maître incontesté. Théâtre Tristan Bernard 8e (01.45.22.08.40).


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