DEVINEZ QUI ? DIX PETITS NEGRES

Article publié dans la Lettre n° 221

DEVINEZ QUI? DIX PETITS NEGRES d’Agatha Christie. Adaptation Sébastien Azzopardi. Mise en scène Bernard Murat avec Jean-Pierre Bouvier, Michel Crémadès, Erik Desmarestz, Roger Dumas, Yves Gasc, Laurent Gérard, Philippe Laudenbach, Josiane Lévêque, Agnès Pelletier, Alice Taglioni.
Rien ne manque au magnifique décor de Nicolas Sire pour créer une ambiance propice au suspense dans le cadre léché d’une ancienne bâtisse perdue sur une île britannique: l’aspect cossu du salon, la terrasse aérée avec, au loin, les rochers et la mer à perte de vue que les effets spéciaux et les lumières vont rendre délicieusement angoissants.
Un couple de domestiques s’apprête à recevoir huit personnes conviées par Monsieur et Madame Lenny. Ils ont été engagés par courrier et doivent rendre le séjour des invités, sur l’île coupée de tout, aussi agréable que possible. Les uns après les autres, ceux-ci arrivent. L’ambiance est détendue. Quelque chose pourtant les étonne: leurs hôtes sont absents, leur arrivée est différée. Après les présentations d’usage, les huit invités s’installent, prêts à passer une soirée conviviale. Cependant leur étonnement devient surprise lorsqu’ils découvrent en bavardant, qu’aucun d’eux ne connaît les maîtres des lieux, pas même les domestiques. La surprise tourne à la peur lorsque retentit une voix d’outre-tombe qui leur explique la raison de leur venue. Tous les dix ont commis un meurtre dans leur passé qu’ils devront payer de leur vie. Sur la cheminée, dix petites statuettes et une comptine. Celle-ci, entonnée avec amusement au début de la soirée, devient une menace au premier meurtre, menace qui vire à la panique lorsqu’ils remarque la relation directe entre les paroles de la comptine, la disparition d’une statuette à chacun des meurtres qui se succèdent à une rythme régulier...
On ne présente plus Agatha Christie, auteur de quelque 84 romans dont l’un des plus célèbres est Dix petits nègres, écrit en 1939, adapté par l’auteur elle-même pour le théâtre. Dans son excellente adaptation, Sebastien Azzopardi a choisi de placer l’intrigue dans les années 30, époque qui correspond mieux à la mentalité des personnages. Il a mis aussi en relief la noirceur de leur caractère, présent dans le roman mais édulcoré dans l’adaptation théâtrale d’Agatha Christie. Cette vision des personnages, associée à l’humour et au suspense croissant, permet de tenir le public en haleine de la première à la dernière réplique. Un suspense que dose savamment la mise en scène de Bernard Murat et la remarquable prestation des comédiens, tous convaincants face à l’angoissante machination dont ils sont victimes. Le spectateur, lui-même désarçonné par l’implacable logique de « Lennygme », suit passionné la succession des événements, ponctuée par la chute de chacune des dix petites statuettes qui tombent comme un couperet après chaque exécution. Théâtre du Palais-Royal 1er (01.42.97.59.81). Lien: www.theatrepalaisroyal.com/

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