LES (DÉS)HÉRITIÉS
Article
publié dans la Lettre n° 360
du
18 novembre 2013
LES (DÉS)HÉRITIÉS de Branislav Nusic.
Mise en scène Ned Grujic avec Annick Cisaruk, Jean Hache, Pascal
Ivancic, Philippe Ivancic, Antonia Malinova, Caroline Pascal, Sacha
Petronijevic, Charlotte Rondelez/Rosalie Symon, Jean Tom.
Ah, que le défunt était beau, grand, noble, généreux… et surtout
très riche ! Et chacun des sept cousins-cousines d’y aller de son
couplet louangeur et non moins larmoyant. Le panégyrique a tôt fait
de se lézarder, jusqu’à exploser en éclats vengeurs, quand est évoquée
la réalité de leur présence conjointe, l’attente fébrile du testament...
Dès lors, tous les coups sont permis dans une bataille de tranchées
sans rémission, on vole, s’insulte, on campe dans les lieux, avec
portes qui claquent, procès en hérédité suspicieux, stratégie du
requin qui s’auto-proclame chef de cette joyeuse bande de pseudo-parents.
Joueur impénitent, édile retors, pleureuse patentée, veuve désertée,
séducteur désargenté, tous voguent dans une rapacité non feinte.
On pourrait se croire chez Feydeau à la mode serbe. On rit beaucoup
et on devine bien sûr le dénouement, sans surprise croit-on. Comme
quoi le vaudeville le plus convenu peut réserver bien des surprises…!
Métaphore du cercle de famille, un énorme canapé rond occupe l’espace,
lieu de séduction ou d’éloquence, centre vers lequel convergent
les diverses portes si mal refermées sur de bruyants secrets.
Le plaisir des acteurs est évident et la mise en scène, tonique
et endiablée, sur le rythme klezmer des Yeux Noirs, ne laisse pas
en repos le spectateur, qui rend les armes du rire devant un cynisme
aussi immoral que jubilatoire. Théâtre 13/Jardin 13e. A.D.
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