LA
DERNIERE CONFERENCE DE PRESSE
DE VIVIEN LEIGH
Article
publié dans la Lettre n° 306
LA DERNIÈRE CONFÉRENCE DE PRESSE DE VIVIEN
LEIGH de Marcel Lafferty. Adaptation Caroline Silhol. Mise en
scène Michel Fagadau avec Caroline Silhol.
Vivien Leigh. Ce nom est immanquablement associé au célèbre film
tiré du non moins célèbre roman de Margaret Mitchell. Un nom à la
consonance à la fois vive et harmonieuse qui nous laisse le souvenir
persistant d’une jeune fille brune à la taille de guêpe, au caractère
bien trempé, piquante, primesautière, au sourire ravageur et au
regard vert pétillant, une porcelaine de Saxe, selon Alexander Korda,
l’un des bons anges de va vie.
Elancée, distinguée, blonde, vêtue d’un élégant tailleur clair,
chignon impeccable, lunettes de star, Caroline Silhol ne ressemble
pas précisément à ce souvenir-là. Elle se présente, salue et commence : «
Si je pouvais recommencer ma vie, je rejouerai Scarlett O’Hara »
et « j’épouserais Laurence Olivier ». Le nom de ce personnage mythique
et celui de l’homme de sa vie vont être le fil conducteur de la
dernière conférence de presse qu’elle donne. Mais très vite, les
questions des journalistes se raréfient, le monologue s’instaure,
la magie opère. Sous les traits de la comédienne se dessinent peu
à peu ceux de Vivien ou ceux de Scarlett et il faut tout le talent
de Caroline Silhol pour y parvenir. Les souvenirs qu’elle égrène
et ceux du public, pour qui Autant en emporte le vent représente
encore quelque chose, s’unissent alors, même si pour la star le
tournage du film culte tourna au cauchemar. Etre actrice et jouer
au théâtre ont été les premiers et derniers bonheurs de sa courte
vie, jalonnée de victoires et de défaites, de succès et d’échecs.
Elle raconte son enfance en Inde, à Darjeeling où elle est née,
un premier mariage à dix-huit ans avec un homme dont elle adoptera
le nom pour la scène mais à qui elle abandonnera leur fille. Elle
revit sa passion pour Laurence Olivier et celle pour la scène et
pour tous les rôles interprétés : ceux joués au théâtre qu’elle
adore : Ophélie, dans Hamlet, Blanche Dubois dans Un tramway nommé
désir... Ceux interprétés pour le cinéma qu’elle abhorre dont celui
de Scarlett, arraché à force d’opiniâtreté, est le plus marquant.
Cinq mois et demi de tournage, dix-huit heures de travail sept jours
sur sept avec au bout sept Oscars, elle même recevant celui de la
meilleure actrice. Puis ce furent les années de guerre, son mariage
avec Laurence Olivier, enfin divorcé, les quelques années de bonheur
durant lesquelles les Olivier sont « le couple royal du théâtre
anglais », et leur inévitable séparation. Les cinq étapes de la
vie d’un acteur, elle les résumera en cinq petites phrases, constat
ironique mais lapidaire : « Qui est Vivien Leigh ? Je veux Vivien
Leigh ! Je veux une Vivien Leigh ! Je veux une Vivien Leigh jeune !
Qui est Vivien Leigh ? ». La maladie, un divorce dont elle ne se
remettra pas auront raison d’elle à cinquante-trois ans.
« Le souvenir est un paradis dont on ne peut pas vous chasser ».
En une heure et demie, le talent de Caroline Silhol nous en convainc.
Comédie des Champs-Elysées 8e.
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