LA DERNIERE ANNEE

Article publié dans la Lettre n° 199

LA DERNIERE ANNEE. Récit de Philippe Vilain. Mise en scène Jean-Paul Muel avec Pierre Gérard.
C’est l’histoire tendre et pathétique d’un fils qui accompagne son père dans la dernière année de sa vie, lors des derniers jours du millénaire. Le fils écrit un journal de cette longue agonie. Il écrit, car l’écriture est le fil d’Ariane qui réunit les deux hommes, puisque le père est atteint d’un cancer des cordes vocales. Jour après jour, il va consigner ces rencontres, dans un carnet de bord de la maladie, ces souvenirs qui remontent à la surface comme des petits ballons d’enfance. Le fils ne juge pas son père, il constate. L’alcoolisme chronique, la mésentente de ses parents, les regrets jamais amers de son père qui, par une stupide erreur administrative, vit son destin basculer.
La description est un art difficile, Philippe Vilain a une écriture précise où chaque mot est juste et nous plonge dans des ambiances épidermiques. Sans pathos, sans sentimentalisme, nous vivons ce récit où chacun de nous se retrouvera. Des mûrs bleu ciel, une fenêtre qui s’anime pour les fêtes, un lit d’hôpital, une photo, chaque élément du décor répond à un mot, l’équilibre est parfait. On se laisse entraîner dans cette histoire intime qui est un panorama de la société française des trente dernières années du XXe siècle. Jean-Paul Muel signe une mise en scène délicate qui ne cède en rien à la facilité et va au coeur du texte. Il est vrai qu’il est servi par un merveilleux comédien, Pierre Gérard. C’est simple et très beau. Le Proscénium 11e (Lettre 199).

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