LA DEMANDE D’EMPLOI

Article publié dans la Lettre n° 398
du 13 juin 2016


LA DEMANDE D’EMPLOI de Michel Vinaver. Mise en scène Gilles David avec Alain Lenglet, Clotilde de Bayser, Louis Arene, Anna Cervinka.
Au chômage à quarante-trois ans, Fage ne se laisse pas abattre. Fier de son parcours professionnel, gonflé à bloc, il se sent prêt à répondre à tous les entretiens d’embauche. Ce dernier est important, le poste de l’entreprise innovante qui l’a contacté, est plein d’avenir. Il fait partie des cinq derniers candidats retenus, c’est la dernière ligne droite. Fage se sent prêt à remporter la mise même si les questions posées par Wallace, le DRH, n’ont pas toujours de rapport avec son parcours, même s’il se demande souvent où l’homme veut en venir, même s’il sent qu’il cherche à le déstabiliser pour le faire sortir de ses gonds… Fage se sent fort, il est encore jeune et en pleine forme. A la maison pourtant, tout n’est pas rose. La révolution sexuelle des années 70 touche de plein fouet Nathalie, sa fille de seize ans. Les drames aussi sont sous-jacents. Il y a ce fils, mortellement blessé dans un accident de voiture. Et puis il y a Louise, l’épouse, attentive au lustre des chaussures, au pli du pantalon, à la cravate bien droite mais qui finit par trouver du travail, elle. Oui, Fage est optimiste. Des failles cependant apparaissent peu à peu dans la carapace qu’il s’est forgée.
Michel Vinaver connaît sur le bout des doigts le monde de l’entreprise et de l’emploi. Cette maîtrise est un atout indéniable pour donner une véritable cohérence à cette pièce telle qu’il l’a conçue. Dans une mise en scène d’une grande précision et des décors minimalistes, les répliques se succèdent sans ponctuation, sans ordre ni chronologie et ne s’adressent pas forcément à l’interlocuteur. Leur véritable sens n’apparaît pas immédiatement. Le caractère des personnages et leur histoire prennent vie à mesure que l’ensemble des phrases échangées les façonnent. Les quatre comédiens se prêtent avec une remarquable aisance à l’exercice difficile d’inclure leurs répliques à la suite de celles de leurs partenaires, sans le lien rassurant d’un dialogue classique pendant que leurs visages et leurs corps expriment les sentiments éprouvés. Le résultat est bluffant. Comédie-Française Studio-Théâtre 1er.

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