LE COUP DE LA CIGOGNE

Article publié dans la Lettre n° 330
du 3 octobre 2011


LE COUP DE LA CIGOGNE de Jean-Claude Islert. Mise en scène Jean-Luc Moreau avec Jean-Marie Bigard, Elisa Servier, Lamine Lezghad, Lola Marois, Ariane Mourier.
Depuis quelques semaines, Maud ne se sent pas au mieux de sa forme. La famille est un peu angoissée. Les suppositions vont de la ménopause au cancer. Après les analyses d’usage, le médecin annonce enfin un verdict sans appel : Maud est tout simplement enceinte… à quarante-huit ans ! Le premier choc passé et devant la joie de sa fille Clotilde qui cherche désespérément un homme qui puisse lui faire un bébé, Maud passe insensiblement de la stupeur, à l’acceptation, puis à la joie. Pour elle, en fin de compte, cette grossesse représente la continuité d’une jeunesse qui a tendance à filer, surtout si elle considère le peu d’empressement de son mari à son égard. Justement, parlons-en de celui-ci. Comment lui annoncer la nouvelle ? Après vingt-cinq ans de mariage, Maud connaît ses points faibles sur le bout des doigts mais de là à lui annoncer une pareille nouvelle, il y a un pas et elle se demande comment elle va le franchir. A 55 ans, Jacques Germont est physiquement très en forme. Professionnellement, il est l’un des cadres incontournables de la société de jeux électroniques où ses inventions font merveille. Mais son caractère impulsif, plutôt râleur, de très mauvaise foi et menteur à ses heures, lui joue parfois de mauvais tours. Et justement aujourd’hui, il vient d’insulter copieusement son chef devant ses collègues et se voit mis en pré-retraite. Son retour à la maison avant l’heure est fracassant. Jacques, furieux, est de fort mauvaise humeur. Maud rassemble donc son courage à deux mains afin de lui avouer son état. La nouvelle lui fait l’effet d’une bombe, lui qui a l’âge d’être grand-père.
Le tsunami qui ravage la maisonnée va durer quelque temps, celui pour Maud de le convaincre, pour Clotilde de trouver enfin l’âme sœur et pour Gaspard, un collègue de travail très énervant mais déterminé, de le faire revenir à la raison, c’est à dire de le décider à faire part de sa dernière invention.
Cette nouvelle comédie de Jean-Claude Islert est joliment troussée car elle ne s’arrête pas à l’argument du départ. Il écorne au passage entre humour et ironie les nouvelles techniques de préparation à l’accouchement pour investir les futurs papas dans leur rôle de pères ou les travers des jeunes cadres gonflés d’orgueil qui parlent un sabir franco-anglais incompréhensible, le téléphone collé à l’oreille. Les comédiens aiguillonnés par la mise en scène très rythmée de Jean-Luc Moreau, à leur aise dans un décor astucieux qui brise la monotonie, divertissent durant près de deux heures un public venu bien sûr pour Jean-Marie Bigard. Tout le monde y trouvera donc son compte, les amateurs de l’humoriste et ceux qui le prisent moins. Théâtre Saint-Georges 9e.


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