LES COULEURS DE LA VIE

Article publié dans la Lettre n° 188


LES COULEURS DE LA VIE de Andrew Bovell. Adaptation et mise en scène Michel Fagadau avec Didier Sandre, Fanny Cottençon, Mariane Basler, Jean-Pierre Malo.
Une fin de soirée. Un homme et une femme prennent un verre. Une étape avant une nuit d’amour, mais ils sont l’un et l’autre mariés...ailleurs. Nous devrions dire les uns et les autres puisque dans cette grande ville, deux couples vivent la même histoire, disent les mêmes mots, la situation est semblable à un calque. Mais ils vivent différemment cette situation. Cet adultère passager est vécu avec culpabilité pour les uns, avec lassitude pour les autres. Alex, Sonia, Jane, Léon, Valérie, Nick, Sarah et Neil se rencontrent, se croisent, se racontent. Qui sont-ils? Des pions sur le grand échiquier de la vie qu’un destin malin pousse en répondant à une stratégie implacable, sacrifiant telle pièce pour sauver la reine d’un soir. La grande loi des mathématiques prétend que les parallèles ne se croisent jamais.
L’auteur australien Andrew Bovell décortique les confidences, les malaises. Il explore le terrain des fausses évidences et des idées reçues. La première partie de la pièce présente des personnages qui se livrent et se délivrent de souvenirs, de rancoeurs. La deuxième explore la partie cachée de l’iceberg de la vérité. Les faits retrouvent une exactitude, tel un vaste puzzle achevant son dessin avec la pièce manquante.
Quatre comédiens époustouflants peignent la vie des couleurs de l’arc-en-ciel. Fanny Cottençon, Jean-Pierre Malo, Mariane Basler, Didier Sandre utilisent tous les pigments de la palette de leur immense talent, animant une douzaine de personnages avec humour, déchirement. Michel Fagadau réalise une mise en scène subtilement souple. La multiplicité des lieux nécessitant une rapidité d’exécution pour les changements de décor, tout glisse, tout s’enchaîne avec une apparente facilité. C’est un travail remarquable. Les couleurs de la vie est une pièce qui peut dérouter par sa construction en moments choisis de ces tranches de vie, de ces flashes intimes. L’exigence est une vertu bien gratifiante, le spectateur est heureux de reconstituer le puzzle de ces existences vulnérables et touchantes. Comédie des Champs-Elysées 8e (Lettre 206).


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