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            CORPS ÉTRANGERS
            
            Article 
              publié exclusivement sur Interrnet avec la Lettre 
              n° 362 
              du 
              30 décembre 2013 
	     
                          
            CORPS ÉTRANGERS de Stéphanie Marchais. 
              Mise en scène Thibault Rossigneux avec Laurent Charpentier, Philippe 
              Girard, Géraldine Martineau, Daniel Blanchard.  
              Dans un clair-obscur fantomatique saturé d'humus, l'ombre vacille 
              sur les ruines. Comme celle d'un M le Maudit, mais voisin courtois 
              et père tendre et prévenant. Maudit, le gentil O'Well ? Certes, 
              parce que sa taille est inacceptable, qu'au mieux elle dérange et 
              suscite, au pire, les appétits de science dévoyée chez Hunter, anatomiste 
              réputé, plongé dans une quête démente de la nature de l'âme. 
              Et quand sa folie rencontre la cupidité exacerbée du voisin Mac 
              Moose, le sort du monstre est scellé, lui qui n'aspirait 
              qu'à la tranquillité de sa retraite jardinière et de ses dialogues 
              oniriques avec sa fille. Son cadavre ne laissera qu'une simple enveloppe 
              charnelle, muette évidemment, sur la table de dissection d'un Dr 
              Mengele au petit pied, d'autant plus dangereux qu'il se targue d'un 
              devoir de scientifique qui alerte ses contemporains…  
              En voix off, vidéos fluctuantes, apparitions éthérées, la fillette 
              trop tôt disparue du bon géant vient hanter les lieux, en miroir 
              de la fille du médecin fou, petite poucette qui sème ses cailloux 
              pour le doux ogre.  
              Qu'en est-il de la nature d'un homme ? Eternelle question qui ne 
              fascine pas le seul maniaque du scalpel. Au cœur de cette fantasmagorie, 
              temps et lieux s'entremêlent, la stigmatisation guette, la créature 
              monstrueuse d'Hunter descend des cintres. Tout est en décalage ironique, 
              parce que les univers physique et mental de chacun s'interpénètrent. 
              Et le public de ce spectacle hautement convaincant ne peut échapper 
              à un trouble, que des vagues de pluie, d'orage et de sonorités inquiétantes 
              viennent conforter. 
              Impossible d'échapper à la plante vorace d'O'Well qui ronge salutairement 
              nos certitudes. Théâtre de la Tempête, Cartoucherie de Vincennes 
              12e. 
             
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