COMME EN 14 !


COMME EN 14 ! de Dany Laurent. Mise en scène Yves Pignot avec Marie Vincent, Julie Dumas, Pierre-Vincent Chapus, Rosalie Symon, Colette Venhard.
En pleine guerre de 14, l’hôpital d’une petite ville accueille les blessés arrivant par vagues du front tout proche. Il est 5 heures, ce 23 décembre, dans la salle de garde. Mademoiselle Marguerite vient remplacer Suzy qui termine le service de nuit. Elles ne sont que deux pour pour seconder deux médecins qui ont largement dépassé l’âge de la retraite et pour 123 lits, deux pour panser les plaies physiques et morales des soldats français et allemands, confondus dans la même douleur. Louise, une jeune fille de bonne famille, élevée par une mère rigide, vient d’arriver en renfort, mais pour le moment, elle représente plus une gêne qu’une aide. Mademoiselle Marguerite, célibataire endurcie, est la fille de l’ancienne cuisinière du château. Elle a passé toute son enfance avec Adrienne, la fille des châtelains, aujourd’hui comtesse, qui paie cher son tribut à la France. Veuve depuis peu, son fils aîné, Henri, va se faire amputer. Elle tremble de perdre ce fils merveilleux, comparé à Pierre, le deuxième, dont elle supporte mal la bizarrerie. Suzy, fille de chaudronnier, à le culot et l’enthousiasme que lui confèrent son origine sociale et sa jeunesse. Petite main chez un grand couturier avant la guerre, elle rêve de créer sa propre maison de couture « quand tout sera fini ». Eprise d’indépendance et de liberté, elle milite dans un mouvement de pacifistes, entraînant Louise dans ses actions clandestines. Celle-ci a vingt ans. Elle attend pour se marier le retour de Georges, son fiancé parti pour le front. Les horreurs de la guerre, le malheur des autres, leur permettent de relativiser le leur et vont les rapprocher. Un petit verre les aident à tenir le coup. C’est un coup de pouce à la désespérance, assure Adrienne, qui lève volontiers le coude car « un vin d’ici vaut mieux que l’eau de là »! Sous des dehors bougons, Mademoiselle Marguerite cache un coeur d’or. Suzy, amoureuse d’Henri, est prête à tout pour l’épouser. Louise, quant à elle, cache un lourd secret. Adrienne, la comtesse verticale, pétrie d’éducation, va peu à peu réviser et moduler ses principes tout en ce demandant, effarée, ce qu’en penserait son père. Le soir de Noël arrive et avec lui l’occasion de donner un peu de bonheur aux blessés. Adrienne arrive avec un bon repas et des cadeaux. L’ambiance est survoltée car l’amputation d’Henri a réussi, mais une nouvelle dramatique assombrit la soirée.
Ce qui frappe tout d’abord dans cette pièce, c’est l’authenticité du texte de Dany Laurent. Elle cerne avec une remarquable acuité l’ambiance d’un hôpital de la grande guerre, l’abnégation et le courage des infirmières qui se dévouent corps et âme seize heures d’affilée, malgré leurs propres soucis et leur angoisse et qui, face à des situations extrêmes, savent prendre les bonnes décisions. Des dialogues justes, à la fois drôles et émouvants, mis en valeur par une mise en scène très enlevée, brossent des caractères très attachants exploités par les comédiens époustouflants.
Commencée au Théâtre 13, poursuivie à la Pépinière Opéra, l’aventure de ce petit chef-d’oeuvre, trois fois récompensé aux Molières, achève brillamment sa course au Théâtre Montparnasse, ovationné chaque soir par un public transporté. M-P.P. Théâtre Montparnasse 14e.

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