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 CHERE 
              MAITRE  Article 
              publié dans la Lettre n° 234 
               
 CHERE MAITRE de Peter Eyre d’après 
              la correspondance de George Sand et Gustave Flaubert. Mise en scène 
              Sandrine Dumas, musique Renaud Pion avec Marie-France Pisier, Thierry 
              Fortineau.Lorsqu’en 1864 George Sand et Gustave Flaubert se rencontrent, ils 
              sont déjà deux figures du monde des lettres. George Sand a un passé 
              aussi littéraire que politique. C’est une femme accomplie qui, à 
              Nohan où elle s’est retirée, écrit ses romans les plus célèbres, 
              puis une femme assagie qui revient sur son passé, les dernières 
              années de sa vie. C’est à cette « bonne dame de Nohan » que Gustave 
              Flaubert, de dix-sept ans son cadet, va s’adresser, lui qui a appris 
              son métier en parcourant le monde avant de s’enfermer dans sa maison 
              de campagne à Croisset près de Rouen. Entre 1864 et 1876, date du 
              décès de George Sand, une correspondance va s’échanger entre ces 
              deux êtres que tout oppose. Gustave Flaubert a publié Salammbô 
              et va écrire l’Education sentimentale. Elle, se consacre 
              à des récits mondains et à des volumes de souvenirs. Au fil des 
              lettres va naître puis se cristalliser une profonde amitié où à 
              l’écorché vif répondra la confidente. Flaubert livre tout entier 
              ses joies, ses peines, ses angoisses et ses incertitudes, sa vision 
              du monde et ses idéaux et ses lettres confirment à quel point chacun 
              de ses écrits a été repris avant de voir le jour. Il se raconte, 
              elle lit, répond, suggère, conseille et console. Elle rédige même 
              un article répondant au mauvais accueil par la critique de l’Education 
              sentimentale. Elle s’éteint au moment où il met la dernière 
              main à Un coeur simple qu’il dit avoir écrit pour elle. Dans 
              ces correspondances se dessinent leur caractère, leur angoisse face 
              à l’écriture, leur désespoir d’être incompris et s’affirme aussi 
              une réflexion passionnante sur toute une époque. Nous devons à Peter 
              Eyre l’adaptation de cette correspondance. Amoureux de la littérature 
              française, il s’est intéressé aux lettres amicales et intellectuelles 
              de ces deux auteurs, adaptant leurs échanges épistolaires sous le 
              nom de Chère maître, mettant en scène et interprétant lui-même 
              le rôle de Flaubert.
 Chère Maître est pour Sandrine Dumas l’occasion d’une première 
              mise en scène. Un pari réussi car elle éclaire avec simplicité et 
              finesse ce duo qui se répond à travers ses écrits. Elle y inclut 
              avec ingéniosité une troisième présence, musicale, celle de Renaud 
              Pion et de sa clarinette, dont la plainte ponctue l’intimité des 
              deux auteurs. Thierry Fortineau prête de façon remarquable son indéfectible 
              présence à Gustave Flaubert. Marie-France Pisier lui donne la réplique, 
              s’imposant plus difficilement dans le rôle ardu d’une George Sand, 
              forte au début, mais que la maladie fragilise peu à peu. Théâtre 
              de la Gaîté Montparnasse 14e.
 
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