LE CHEMIN SOLITAIRE

Article publié dans la Lettre n° 27


LE CHEMIN SOLITAIRE d'Arthur Schnitzler. Mise en scène Luc Bondy avec André Dussollier, Didier Flamand, Laurent Grevil, Alison Hornus, Jérôme Nicolin, Bulle Ogier, Didier Sandre, Nada Strancar.
Vienne en 1900. Julian Fichtner, peintre presque célèbre, revient dans sa ville natale. Il retrouve son vieil ami, le Comte Stephen Von Sala, écrivain, aristocrate distingué et «dégoûté». Tous les deux gravitent autour de la famille du professeur Wegrat. Stephen est l'amant de Johanna, Julien fut celui de Gabrielle. Il est d'ailleurs le père de Félix, fils aîné du professeur. Ce dernier est la véritable raison de son retour: conscient d'avoir raté sa vie privée et publique, il veut rattraper sa vie d'homme et de père et voit en Félix, son fils secret, sa véritable réussite. Julian arrive trop tard. Gabrielle vient de mourir. Seule, elle a parcouru son « chemin solitaire », laissant son fils entre ses deux pères. Il va essayer de ravir Félix. Le résultat de cette tentative égoïste sera pour lui la réponse de toute sa vie.
Son ami, le Comte Von Sala est resté à Vienne. Il a monté sa pièce, mais n'a retiré qu'amertume de cette expérience et une haine partagée avec l'actrice Irène. Sa fortune personnelle lui permet de prendre quelque distance. Sa nouvelle et dernière ambition (il se sait condamné) est de conduire une expédition archéologique à la découverte d'une cité enfouie. Dans sa nouvelle villa, froide comme un tombeau, la pauvre Johanna reste à ses côtés, si fragile et désespérément amoureuse d'un homme qui voudrait avoir un coeur de pierre.
La mise en scène intelligente et sobre de Luc Bondy, avec l'aide des décors épurés de Peduzzi, exacerbe l'atmosphère de fin du monde du « chemin solitaire ». Ce n'est plus ici le Schnitzler sarcastique et grinçant de « La Ronde » dans la Vienne encore valsante mais celui d'un être faisant le constat d'une existence en plein milieu d'une Vienne décadente qui sent l'effritement de l'empire Austro-Hongrois. Mais le sujet de la pièce n'est il pas surtout celui des rêves brisés? Un spectacle de haute qualité, servi par des talents confirmés. Théâtre Renaud-Barrault 8e, jusqu'au 28 février 1990.


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