CHAT EN POCHE

Article publié dans la Lettre n° 366
du 24 mars 2014


CHAT EN POCHE de Georges Feydeau. Mise en scène Anne-Marie Lazarini avec Jacques Bondoux, Cédric Colas, Giulia Deline, David Fernandez, Frédérique Lazarini, Sylvie Pascaud, Dimitri Radochévitch.
Ils pourraient être désespérément sans originalité, bourgeois enrichis, épouses en mal de frisson romantique, fiancés sans désir, parasite malicieux sans réticence face à la manne inespérée. On s’attendrait au chassé-croisé des cocufiages entrevus, dans un vaudeville sans surprise de portes qui claquent et de billets doux qui s’égarent dans les mauvaises mains. Oui, mais… quand Feydeau lâche le langage dans le déchaînement des quiproquos et le rythme implacable des répliques, les jeux de mots s’emmêlent, l’absurde sourd à chaque détour. Les prétendants bégaient, les épouses se répandent, la cécité des maris à tromper n’a d’égale que leur fatuité. Et le train d’enfer imposé à des situations de plus en plus loufoques amènerait à la catastrophe et à la punition méritée de ces fantoches, si le dénouement rocambolesque ne venait offrir au parasite, enfin dévoilé, l’opportunité d’un mariage providentiel. A peine quelques grincements de dents conjugaux, une flambée amoureuse plutôt invraisemblable, et ces baudruches retournent à leur mesquinerie coutumière.
Monde de fous ? Certes non, ils ne sont pas assez anormaux pour l’être. Le délire naît ici de leur impatiente stupidité et de l’hypocrisie des conventions, dont Feydeau se fait le féroce pourfendeur.
Sur un plateau à donner le vertige, le kitsch règne en maître dans les couleurs agressives des meubles. Les acteurs participent joyeusement à ce sautillement essoufflé. Quant à demeurer chaste et pur… Et les miaulements des chats de Rossini donnent malicieusement le ton. Théâtre Artistic Athévains 11e. A.D.


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