C'EST JAMAIS FACILE

Article publié dans la Lettre n° 248


C’EST JAMAIS FACILE de Jean-Claude Islert. Mise en scène Jean-Luc Moreau avec Roger Miremont, Ingrid Donnadieu, Maaïke Jansen, Myriam Moraly, Nicolas Jouhet.
Edouard, comme beaucoup de ses semblables, a bien du mal à franchir le cap de la cinquantaine, même si celle-ci est fringante en ce qui le concerne. Tellement de mal qu’il a rajeuni de quelques années ses cinquante-deux printemps afin de séduire Sarah, sa très jeune maîtresse et élève, à qui il dispense des cours de math. De son côté, pour paraître moins gamine et ne pas effrayer son vieux prof, Sarah a rajouté trois ans à ses vingt ans «tout court». Elle se fait aujourd'hui plus pressante: elle veut régulariser, il tente de l’en dissuader. Si Edouard est séparé de sa femme Marion, celle-ci, fort envahissante, fait régulièrement des incursions chez lui. Alors qu’elle débarque une fois de plus sans crier gare, Edouard s’empresse de lui cacher cette liaison impensable pour tout enseignant respectable, surtout que Sarah est la fille de la meilleure amie de Marion. Après avoir caché l’objet du délit dans la salle de bains, il n’hésite pas à formuler un pieux mensonge pour expliquer le bruit de la douche. Il s’agit d’un électricien venu réparer la panne de courant! Marion est sceptique mais a d’autres chats à fouetter. Elle lui annonce qu’elle vient de rencontrer Dominique, un homme de dix ans son cadet. Elle compte sur son ex pour faire la connaissance de l’heureux élu. Edouard n’est pas pressé de rencontrer ce successeur bien plus jeune que lui, mais Marion parvient à lui arracher son assentiment avant de disparaître. Le pauvre Edouard est également affligé d’une fille de dix-neuf ans, Julie, en puissance de Marc, un amant quadra, bobo, poète, chevelu et moustachu. Ce «jeune homme» vient d’être mis à la porte par ses parents. Armée de son charme, Julie extorque à son papa la promesse de l’héberger avec Marc pour un certain temps et surtout celle de taire l’existence de son copain à Marion. Marc arrive pour se présenter. Edouard le prend évidemment pour Dominique. Cette bévue, son mensonge et sa promesse vont l’embarquer dans une suite de situations inextricables. La salle de bains n’a pas fini de servir!
Mensonges et quiproquos, tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette comédie légère un divertissement réjouissant. Jean-Claude Islert possède un joli coup de plume. Les réparties fusent, drôles et spontanées, les situations se succèdent, cocasses voire délirantes. Jean-Luc Moreau, présent sur tous les feux des théâtres parisiens ces derniers mois, tire très bien parti d’un argument vieux comme le monde, celui de l’âge, ainsi que du côté comique et échevelé des péripéties. Il est suivi par des comédiens galvanisés. Roger Mirmont, le cheveu en bataille, interprète à merveille un Edouard dépassé par les événements. Maaïke Jansen et son abattage joue une Marion qui ne s’en laisse pas compter. Myriam Moraly, Julie, et Ingrid Donnadieu, Sarah, apportent la fraîcheur et l’inconscience de leurs vingt ans pendant que Nicolas Jouhet campe un quadra désopilant. L’âge en question, un débat toujours d'actualité. Théâtre Michel 8e.


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