CE
PERE QUE J’AIMAIS MALGRE TOUT
Article
publié dans la Lettre n° 215
CE PERE QUE J’AIMAIS MALGRE TOUT d’après
le roman de Franck Ribault. Adaptation et mise en scène Claude Aufaure
avec Gérard Potier.
L’enfance de Franck fut un mélange amer de peur et d’indifférence.
Son père ne l’aimait pas. Il n’y avait pas dix commandements mais
mille et un pour tenir cet impertinent enfant en respect. Sa vie
est faite d’interdits. Le père est dur, violent. La moindre incartade
est sévèrement réprimée. Même les succès scolaires sont insupportables.
Alors l’enfant courbe l’échine, apprend à chuchoter, à pleurer en
silence et à rêver son enfance. Si seulement ce père qu’il trouve
beau, portait sur lui un regard, rien qu’une fois. Les coups sont
plus légers que l’indifférence aveugle. Franck doit abandonner ses
études « parce que ça coûte ». Il devient garçon boucher puis patron.
Mais petit Franck devenu un homme porte en lui les plaies ouvertes
d’un manque d’amour paternel et d’une complicité à jamais inassouvis.
Alors il crée puis écrit ce texte superbe et sans haine.
Claude Aufaure, avec son intelligence innée des textes, a réalisé
une adaptation qui nous enrobe et nous absorbe. Le décor de François
Corbal, des grands pans de murs se rétrécissant vers le haut, nous
donne le poids de l’enfance menacée. Chaque détail du décor très
sobre a l’importance d’une ponctuation. Les lumières rythment les
espoirs déçus et les petites joies de Franck. Porté par l’admirable
et bouleversante interprétation de Gérard Potier, ce texte est un
grand cri d’amour dévoilant une bien belle âme. Gérard Potier porte
sur les spectateurs un regard empreint d’une douceur infinie avec
le sourire de l’ange de miséricorde. Ce spectacle dense est un voyage
aux confins du coeur. L’Atalante 18e.
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