LES CARTES DU POUVOIR
Article
publié dans la Lettre n° 372
du
6 octobre 2014
LES CARTES DU POUVOIR d’après Farragut
North de Beau Willimon. Adaptation Ladislas Chollat, Anne Jeanvoine
et Francis Lombrail. Mise en scène Ladislas Chollat avec Thierry
Frémont, Raphaël Personnaz, Élodie Navarre, Roxane Duran, Francis
Lombrail, Julien Personnaz, Adel Djemai, Jeoffrey Bourdenet.
L’ivresse de la réussite tourne un peu la tête de Stephen Bellamy.
A vingt-cinq ans, il a tout pour séduire. Malgré sa prime jeunesse,
l’ambitieux attaché de presse du gouverneur Morris, n’a remporté
que des succès. Rien ne semble arrêter le chemin tout tracé du jeune
loup vers les plus hautes sphères de la politique. La campagne des
primaires bat son plein et la nécessité pour Stephen d’engranger
des voix pour le gouverneur Morris est cruciale, même si la confiance
en lui-même et en ses idéaux est totale. Autour de lui gravitent
des personnes qu’il ne doit en aucun cas sous-estimer : Paul Zara,
directeur de campagne du gouverneur Morris, qu’il sert avec dévouement
; les journalistes Ida Horowicz et Frank, amis plus ou moins complices,
prêts à tout pour un bon papier ; Molly, la petite stagiaire, trop
innocente pour être honnête ; Ben, le jeune assistant un peu terne
mais qui observe et apprend.
Le jeu de la conquête du pouvoir est un jeu dangereux quand les
opposants sont prêts à toutes les compromissions voire toutes les
trahisons. C’est le cas de Tom Duffy, directeur de campagne expérimenté
du gouverneur Pullman, adversaire de Morris.
On se souvient du film The Ides of March (Les Marches
du pouvoir), de George Clooney, à l’affiche en France en 2011,
réalisé à partir de Farragut North, pièce du dramaturge et
scénariste américain Beau Willimon. Conseiller d’Hillary Clinton,
de Bill Bradley, du démocrate Howard Dean dont il fut le conseiller
lors de la campagne des primaires en 2004, Beau Willimon s’est directement
inspiré de son expérience vécue dans les arcanes de la politique
pour écrire sa pièce.
Les Cartes du pouvoir est l’adaptation française de Farragut
North. Excellente, elle relate à la manière d’un thriller l’ascension
puis la chute de Stephen Bellamy. Les adaptateurs ont parfaitement
saisi le cynisme des personnages qui conduit leurs actes.
Les mises en scène de Ladislas Chollat sont devenues des références.
La pièce Je ne serai pas au rendez-vous (Lettre 337),
écrite avec Patricia Haute-Pottier dont il avait assuré la mise
en scène en 2012, révélait des qualités jamais démenties. Le
Père, L’Aide-mémoire, ou Sahar et Jérémy, pour ne citer
que quelques exemples, en sont une preuve éclatante. La mise en
scène qu’il choisit pour Les Cartes du pouvoir est d’une
fluidité particulièrement efficace. Cette course au succès quels
qu’en soient les dommages passionne dès le début. Les panneaux glissent,
s’escamotent. Les projections illustrent les changements de lieux.
Leur succession rapide confère un rythme soutenu jusqu’à la dernière
scène. Les comédiens excellent dans des rôles très équilibrés qui
donnent à chacun une importance non négligeable. Théâtre Hébertot
17e.
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