LA CARTE DU TEMPS
Article
publié dans la Lettre n° 383
du
25 mai 2015
LA CARTE DU TEMPS de Naomi Wallace. Mise
en scène Roland Timsit avec David Ayala, Oscar Copp, Abder Ouldhaddi,
Lisa Spatazza, Afida Tahri, Roland Timsit.
Comment dire le deuil de l’enfant et la souffrance de l’absurde ?
Comment échapper à la haine et à la vindicte ? Nul oubli, nul temps
pour absoudre de l’impardonnable crime, de la bêtise de la guerre,
si ce n’est la générosité qui surgit, le sens têtu et inexorable de
l’humanité en chacun, victime ou bourreau, complice par ignorance.
Parce qu’il faut continuer à respirer dans les poumons usurpés, dans
le zoo délirant, au-delà des artifices de la pharmacopée. Alors s’élèvent
le chant de la mère, la volonté inexorable du père de parler encore
à son fils, la mémoire rieuse et triste de l’amateur d’oiseaux dans
la ville dévastée. Palestine, Israël, Bagdad, un triptyque de la guerre
stupide, parmi d’autres, si nombreux, si insupportables de barbarie.
Dans ces trois tableaux pétris d’une émotion sans sensiblerie, la
parole de tendresse se déploie, simplement, sans emphase. Simple comme
la vie des petites gens, des anonymes et sans grade, qui portent ce
fardeau de douleur tout en y inventant des raisons d’espérer.
L’espace scénique, momentanément sacralisé par une frontière de sable
mouvante, pourrait se faire ring de règlement de comptes. Les six
acteurs, tous convaincants et efficaces, viennent y dire, hurler,
chanter, entre cruauté et drôlerie, la vie tenace, la paix possible.
Beau et émouvant comme un sourire chargé de larmes, comme un espoir
tremblant. A.D. Théâtre 13 Seine 13e.
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