LE
CANARD A L'ORANGE
Article
publié dans la Lettre n° 236
LE CANARD A L’ORANGE de William Douglas
Home. Adaptation Marc-Gilbert Sauvajon. Mise en scène Gérard Caillaud
avec Grâce de Capitani, Gérard Rinaldi, Jean-Marie Lamour, Colette
Maire, Marion Posta.
Le canard à l’orange est le fleuron des tables dominicales. La réussite
de la recette réside dans le dosage subtil de l’amertume de l’écorce,
le jus sucré de l’orange et le croustillant salé du canard. Le mélange
parfait du salé-sucré est à l’image de l’humour caustique de Hugh
Preston, chroniqueur vedette à la BBC. Il manie les mots comme des
lancettes, ne résistant jamais à faire un bon mot, quitte à blesser.
Il a l’habitude qu’on lui pardonne, son charme fait passer bien
des choses. Liz, son épouse, lasse de supporter ses sarcasmes et
son indifférence, a cédé aux avances d’un banquier de la City, Bronlow.
Grâce à un subterfuge, Hugh fait avouer à Liz son infidélité. Grand
seigneur, il veut prendre tous les torts à sa charge et rencontrer
le suborneur de sa femme. Hugh invite Bronlow à passer le week-end
chez eux. Liz est sceptique et inquiète. Elle a raison.
Les bonnes pièces ne se démodent pas et peuvent être revues avec
le même plaisir. La pièce de William Douglas Home, adaptée par Marc-Gilbert
Sauvajon, depuis sa création avec l’inoubliable Jean Poiret, a été
maintes fois reprise. C’est une pièce en or, avec des répliques
mémorables. Voir Hugh, blessé dans son honneur, se livrant à une
danse nuptiale pour reconquérir Liz, est d’une cocasserie inaltérable.
Les personnages secondaires sont bien dessinés. La gouvernante,
Madame Gray, toujours à côté de la plaque, donne des scènes d’une
flamboyante drôlerie, Colette Maire l’interprète avec une autorité
maladroite, Miss Forsyth, la secrétaire de Hugh, est campée par
Marion Posta qui impose son jeu de fine mouche et ébahit les messieurs
par une plastique impressionnante. Jean-Marie Lamour sort son épingle
de cravate du jeu avec le rôle de Bronlow, le dadais snobinard.
Grâce de Capitani prête son charme à Liz, l’épouse infidèle, juste
mais sans surprise. Gérard Rinaldi est un Hugh alternant la désinvolture
avec la goujaterie. Il joue la décontraction dépitée avec un humour
très british, véritable Machiavel de l’humour. Gérard Rinaldi crée
un Hugh attendrissant, énervant et marque ce rôle de son empreinte.
Gérard Caillaud est le maître d’oeuvre de l'une des meilleures comédies
du moment. Théâtre de la Michodière 2e (01.47.42.95.22).
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