BRITANNICUS
Article
publié dans la Lettre n° 243
BRITANNICUS de Jean Racine. Mise en
scène Brigitte Jaques-Wajeman avec Dominique Constanza, Jean-Baptiste
Malartre, Alexandre Pavloff, Roger Mollien, Sophie Daull, Marc Voisin,
Margot Faure.
Cette pièce est passionnante à plus d’un titre. Tout d’abord Racine,
grand connaisseur de l’Antiquité à travers des auteurs comme Tacite,
« Le plus grand peintre de l’Antiquité », ou Suétone, nous fait
vivre l’histoire complexe et tumultueuse de cette famille d’assassins
sans scrupules. Tout est dit dans sa pièce et la mise en scène de
Brigitte Jaques-Wajeman, fluide et sans fioritures, dans un décor
d’antichambre épuré, le restitue clairement.
Si Britannicus est le titre de la pièce, celle-ci s’articule en
réalité tout entière autour du personnage d’Agrippine la Jeune,
pivot de l’intrigue. Nous sommes en 55 après J.-C., Agrippine, arrière-petite-fille
de l’empereur Auguste et fille de Germanicus, a épousé en troisièmes
noces l’empereur Claude, qui vient de faire assassiner sa troisième
femme, Messaline, mère de Britannicus et d’Octavie, par Narcisse,
son tout puissant affranchi. Agrippine, de son coté, a un fils de
son premier mariage, Néron (37-68), qu’elle fait adopter par Claude,
évinçant ainsi Britannicus du trône, et qu’elle marie à Octavie,
sœur de ce dernier ! Dès que Néron a l’âge de régner, elle fait
empoisonner Claude pour asseoir son pouvoir à travers son fils.
Les cinq premières années du règne de Néron sont plutôt paisibles
et les romains sont satisfaits de cet empereur qui succède à un
fou, Caligula, et un instable, Claude. Néron se tourne volontiers
vers les arts, la conduite des chevaux, la poésie, comme nous le
rappelle Racine. Néanmoins, encouragé par ses conseillers Burrhus
et Sénèque, il s’affranchit de la tutelle pesante de sa mère.
La pièce commence à cette époque. Comme l’écrit Racine:« Britannicus
est l’histoire d’un monstre naissant ». C’est pourquoi le spectateur
peut être surpris de voir apparaître sur la scène un Néron (Alexandre
Pavloff) dont la démarche, le jeu et l’expression traduisent déjà
l’anormalité et la démesure, pour ne pas dire la folie. Ce sera
la seule réserve que nous ferons sur ce spectacle. Pour le reste,
l’ambition dévorante et sans scrupules d’Agrippine est parfaitement
rendue par Dominique Constanza, de même que la faiblesse et l’amour
pour Junie de Britannicus (Marc Voisin), un jeune homme de 17 ans
dans la pièce (14 en réalité). Junie (émouvante Margot Faure), à
l’amour tendre et fidèle, est un personnage sans doute créé par
Racine pour permettre à son Néron de montrer qu’il ne veut plus
obéir à sa mère et qu’il prend vraiment le pouvoir en la faisant
enlever et en voulant l’épouser. Sont également bien exprimées la
rigueur morale et politique de Burrhus (Roger Mollien) et la noirceur
de l’affranchi Narcisse (Jean-Baptiste Malartre), être malfaisant,
qui pousse Néron au crime, le premier, qui sera suivi d’une multitude
d’autres. Théâtre du Vieux Colombier 6e. Lien
: www.comedie-francaise.fr.
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