LA BOUTIQUE AU COIN DE LA RUE

Article publié dans la Lettre n° 190

LA BOUTIQUE AU COIN DE LA RUE d’après l’oeuvre de Miklos Laszlo. Adaptation Evelyne Fallot et Jean-Jacques Zilbermann. Mise en scène Jean-Jacques Zilbermann avec Samuel Labarthe Florence Pernel, Jean-François Derec, Wojtek Pszoniak, Manuel Bonnet, Bernard Charnacé, Laurent d’Aumale, Anthony Decadi, Sylvie Huguel, Annie Savarin.
La parfumerie, pièce de l’auteur hongrois Miklos Laszlo, sortit de l’ombre en 1940 lorsque Ernst Lubitsch et son scénariste Samson Raphaelson l’adaptèrent pour le cinéma sous le nom de The Shop around the Corner. Le souvenir de James Stewart et de Margaret Sullavan, dans les rôles principaux, ainsi que l’oeuvre, restent un mythe auquel il serait aventureux de s’attaquer. Evelyne Fallot et Jean-Jacques Zilbermann ont cependant pris le risque de faire revivre sur scène l’histoire romantique de ces deux petits employés d’une librairie juive à Budapest dans les années 30. Et le miracle a lieu car ils nous régalent d’un morceau de choix délicieux. Le judicieux décor tournant de Stéphanie Jarre, petit bijou de reconstitution d’époque, transporte l’action en un clin d’oeil, comme sur un manège, de la boutique à la rue, de la rue au café du coin, du café du coin au bureau du patron. C’est ce mouvement constant et rapide qui donne le rythme qu’il faut aux scènes qui se succèdent dans un tourbillon de rires et de larmes, donnant vie à tous ces personnages qui gravitent autour de Klara et Kralik les deux héros.
Rien de poussiéreux ni de ringard dans cette comédie du bonheur où la fraîcheur règne en maîtresse. Les comédiens pourraient déraper dans le mélo, il n’en n’est rien. Aucun rôle n’est mineur car chacun décrit le comportement humain dans tous ses états avec ses petites mesquineries, son opportunisme, ses jalousies mais aussi ses qualités de coeur. Si Wojtek Pszoniak nage comme poisson dans l’eau dans le rôle de Monsieur Matutschek, propriétaire quelque peu tyrannique de la boutique, Samuel Labarthe et Florence Pernel rivalisent de talent, de charme et de spontanéité dans les rôles de Klara et de Kralik. Tous les autres comédiens sont parfaitement bien dans leur personnage. Tous nous offrent un grand moment d’émotion. Théâtre Montparnasse 14e (Lettre 190).

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