LES BODIN'S

Article publié dans la Lettre n° 195

LES BODIN’S de et avec Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet. Adaptation et mise en scène Marie-Pascale Osterrieth.
Maria Bodin est bien inquiète. Son petit Christian passe son CAP de charpentier couvreur. Et ce n’est pas dans la poche. Le jury devrait le lui donner en prime de fidélité, il passe l’examen pour la 38e fois! Maria, du haut de ses 87 ans, maintient son petit dans le droit chemin et surveille ses fréquentations de bal. D’ailleurs, Christian est toujours célibataire, étudiant et vivant chez sa maman, à 50 ans. Il sera à la retraite avant d’avoir travaillé.
Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet, alias Bodin mère et fils, ont écrit leur spectacle en prenant ça et là des bribes de vie. Observateurs – naturalistes de la vie paysanne, les auteurs ont écrit bien plus qu’une pièce comique, un portrait finement dessiné de la vie difficile en monde rural. Le tandem mère-fils, au-delà de la farce, est le constat d’un fait de société. On se déchire à la maison mais on s’épaule face au monde. Le décor est très simple, chaque détail est signifiant. La bande son, absolument remarquable, nous propulse de plain-pied à la campagne: chant du coq et aboiement de Ratatouille sont garantis authentiques.
Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet se sont composés de vraies trognes, ils forment un couple burlesque plein de finesse et de justesse. Au-delà de la farce, nous apprenons des petits trucs utiles, comment laver une laitue, comment faire une bonne soupe à la tête de veau (un régal !), comment animer une messe ennuyeuse. Les échappées des Bodin sont inénarrables. Qui n’a jamais vu Maria Bodin sur son vélo Solex ne connaît pas la peur! La poursuite de voiture de «Bullitt» est enfoncée. Allez visiter la ferme des Bodin, ça sent bon le terroir et on rit de bon cœur avec ces personnages attachants interprétés avec une générosité galvanisante. Comédie Caumartin 9e (Lettre 195).

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