BIEN
DES CHOSES
Article
publié dans la Lettre n° 304
BIEN DES CHOSES écrit et mis en scène
par François Morel avec la complicité d’ Olivier Saladin et la voix
de Jean Rochefort.
Vers quels horizons s’envoler ? Telle est la métaphore posée par
l’oiseau facétieux à qui Olivier Saladin tente d’apprendre à décoller.
Rires, chatouilles et tendresse, le ton est donné.
Entre voisins conventionnellement amis s’instaure une correspondance,
souvent banale, toute de quotidien transporté dans les bagages « franchouillards »
de retraités en mal d’exotisme. Lieux proches ou lointains, commentés
en miroir au fil des cartes, avec en filigrane les atavismes qui
les ramènent aux jeux fléchés et télévisés, au repas des anciens
et autres préoccupations de robinet ou de baguette bien blanche.
Le pastis « passé en douce » leur colle à la peau, même dans la
baie de Rio. D’à-peu-près langagiers en jeux de mots vaseux, s’égrènent
des platitudes attendrissantes dans leur naïveté inculte. Nulle
méchanceté néanmoins dans le regard porté sur ces pèlerins de voyages
organisés, dont ils ne sortiront finalement pas si indemnes.
Au fil du temps, la lecture, stricto sensu, des cartes postales
déborde de commentaires intempestifs, rythmés par les sirtakis et
autres espagnolades d’un Olivier Saladin débridé. Les Post Scriptum
se font envahissants et désopilants sur les amours avortées de la
nièce, les libations manifestement répétées sur la route des vins
se déclinent sur la cuistrerie des prospectus. François Morel, en
épouse-midinette trop longtemps côtoyée, rêve que le volcan passionnel
se réveille, mais se consolera avec ses sempiternelles broderies,
dans d’irrépressibles sanglots.
Et Sultan, chien abandonné sur un parking estival, mais plein de
sollicitude inquiète, aimerait bien raconter à ses maîtres ses amours
joyeuses avec une compagne d’infortune. Joli moment d’émotion auquel
Jean Rochefort prête la voix, dans un contre-jour bleuté.
Qui est qui ? Entre Rouchon et Brochon, de Madeleine et Roger à
Robert et Janine, François Morel et Olivier Saladin sèment l’ambiguïté
jusqu’au bout, dans un décor dépouillé à l’extrême, une chaise,
une table, une boîte chacun. Quelques jeux de lumières, un rideau
de scène et la trompette reconnaissable entre toutes du Festival
d’Avignon qui nous ramène au théâtre et à ses éventuels snobismes.
Finalement, accompagné par la voix de Barbara, le rose volatile
prendra son envol, de plus en plus haut, de plus en plus loin, sous
l’œil nostalgique de nos compères revenus au bercail. Enfin peut-être…
Et nos regards attendris n’en finissent pas de suivre son vol, tout
rêveurs d’odyssées que nos cartes postales conteront peut-être à
leur tour. Et pourquoi pas de bouteilles à la mer pleines de nos
échappées belles… Pépinière Théâtre 2e (A.D.).
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