LA BETE

Article publié dans la Lettre n° 234

LA BETE de David Hirson. Adaptation Mariem Hamidat. Mise en scène Xavier Florent avec Cédric Vieira, Jean Godel, David Clavel, Jérôme Dupleix.
Pézenas, 1654. Elomire, chef de troupe, est furieux. Son mécène, le Prince de Conti, veut lui imposer un comédien. Béjart essaie de faire entendre raison. Refuser l’histrion pourrait déplaire, et de façon définitive, au généreux donateur. Valère arrive. Il ne comprend pas les réticences d’Elomire. Valère a la foi des prétentieux, il est persuadé d’être génial. Il saoule son auditoire de ses sentences stupides. Elomire aimerait étrangler cette bête de foire ridicule afin qu’elle se taise, que Valère arrête de pérorer. Il est à noter que Valère suscite une envie terrible de fuite. Non content d’être prolixe, Valère écrit. Ce garçon a tous les vices. Seule l’arrivée grandiose du Prince de Conti peut le faire taire. Pour peu de temps hélas.
David Hirson est américain. Il a pris le parti de nous parler de l’Illustre Théâtre par un biais original. Il ne s’agit pas d’une pièce historique mais d’une parabole sur le pouvoir, l’argent et la prétention artistique. Valère, interprété avec flamboyance par Cédric Vieira, est un personnage inouï. Imaginez un condensé de suffisance, d’imbécillité, de mauvais goût. Valère est tellement imbu de lui-même qu’il invente des mots, mettant du piquant dans un vocabulaire devenu trop étroit pour lui: on s’assoit sur une francesca (chaise) et l’on s’attable à une carabomba. Cédric Vieira donne corps à ce personnage clownesque, arrière-grand-père de certains trublions télévisuels. Le décor est formidable, un immense panneau en bois donne l’impression d’écrasement du palais du prince. Jean Godel en prince, est impressionnant et David Clavel et Jérôme Dupleix participent à ce spectacle original qui, sous l’aspect d’une forme classique et en vers, est des plus étonnants. Théâtre du Marais 3e.

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