BELLE(S) FAMILLE(S)

Article publié dans la Lettre n° 290


BELLE(S) FAMILLE(S) de Alain Cauchi. Mise en scène Eric Cinanyan avec Alain Cauchi, Isabelle Caubère, Annick Roux, Thierry Heckendorn, Mélodie Orru, Félicien Delon.
Recevoir pour la première fois ses futurs beaux parents est une épreuve. On veut que tout soit parfait, du repas à la décoration. Il faut penser à sa tenue, ni trop chic, ni trop sport. Bref, on veut faire bonne impression. Toni et Mathilde ont voulu fuir leur famille respective. Ils s’aiment et veulent se marier. Les jeunes gens craignent la rencontre de leurs parents respectifs et redoutent la présentation des deux parties adverses.
Ce week-end familial ressemble à un match. A ma gauche, la famille de Toni Portellino avec la mère Marie-Rose qui arrive de son côté et Victor, le père, qui est gardien de la déchetterie municipale. Les Portellino sont en froid, Marie-Rose ne pardonne pas les indélicatesses de Victor. Marie-Rose a une raison de vivre, son petit Toni, un artiste trop tôt parti du nid pour une fille qui ne sait même pas faire assez de café ! A ma droite, la famille de Mathilde. Le père est le célèbre professeur Edouard d’Hublay et Jeanne-Marie, une femme de médecin célèbre. Elle est hyper bourgeoise et hyper antipathique. On devine qu’il y a un contentieux entre la mère et la fille. Les Portellino sont marseillais, les d’Hublay sont parisiens. Ils parlent « pointu » tandis que les parents de Toni mettent des voyelles en plus à chaque mot. En un mot comme en cent, ils sont aux antipodes les uns des autres, et le week-end s’annonce orageux.
Alain Cauchi a écrit une pièce bien rythmée qui parle à chacun de nous. Elle expose des faits et des personnages qui nous sont familiers en confrontant le nord et le sud dans ce choc culturel. Ce sont des rôles en or pour des comédiens heureux. La silhouette massive et bonhomme de Thierry Heckendorn dessine le mandarin Edouard d’Hublay. Annick Roux arrive à faire de l’antipathique snobinarde une femme qui souffre. Isabelle Caubère est une inénarrable Marie-Rose. Alain Cauchi s’est réservé le rôle de Victor. Rond, très drôle, il donne un vécu immédiat à son personnage. Les Roméo et Juliette, Félicien Delon et Mélodie Orru, sont deux jeunes comédiens à qui nous promettons une belle carrière. On rit beaucoup. Alain Cauchi signe une bonne comédie avec des répliques qui deviendront cultes mais, surtout, qui donne à réfléchir sur la meilleure façon d’aimer et de le dire. Comédie Bastille 11e.


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