LA BEAUTÉ, RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENTS

Article publié dans la Lettre n° 360
du 18 novembre 2013

LA BEAUTÉ, RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENTS. Texte de Florence Müller et Eric Verdin. Mise en scène Pierre Poirot avec Lila Redouane et Florence Müller.
La Beauté ? Vaste questionnement auquel chacun prétend répondre, esthétiquement, philosophiquement, poétiquement, sentimentalement. Avec brio, bonheur ou douleur, dans une égale inefficacité finalement, puisque la tentative, à toutes les époques, en est remise en chantier. Les petites questions offertes au spectateur et la voix off qui passe en boucle, avant même l’entrée en matière scénique, témoignent de l’impossibilité d’une réponse univoque. Deux femmes entre deux âges, qui font penser à des poupées Barbie volubiles, invitent à un parcours déjanté et ludique dans un labyrinthe de situations consacrées à l’exploration de la Beauté. Dissemblables et complémentaires, dans leurs uniformes identiques et leur vécu entrevu, elles exécutent les mêmes soubresauts de marionnettes, tiennent le même langage de convention, « gentilles organisatrices » d’une plongée semée d’embûches dans un monde absurde. Et elles tendent au spectateur, en filigrane du sourire obligé, un miroir où se dessinent les déceptions, les peurs, les abandons et l’insondable solitude. Ridicules pantins d’une société du paraître à tout prix, et fragiles interprètes de la douleur d’être reconnu pour ce qu’on est, elles offrent leurs masques qui se craquellent et revendiquent une authenticité et une diversité que prétendrait interdire la cruauté d’un discours réducteur sur la Beauté.
On aurait pu s’attendre à une déclinaison de l’esthétisme dramaturgique, avec effets de texte, éclairages recherchés et décors chatoyants. La force et la tendresse de ce théâtre, tout en banalité dilatoire, est de garder la question ouverte et de laisser aller le spectateur, joyeusement déconcerté, vers l’ambiguïté de ses propres réponses, maladroites et insuffisantes. La Beauté des regards et des sourires, peut-être ? Théâtre du Petit St-Martin 10e. A.D.

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