BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN

Article publié dans la Lettre n° 285


BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN de William Shakespeare librement adapté par Philippe Honoré. Mise en scène Philippe Person avec Michel Baladi, Emmanuel Barrouyer, Olivier Guilbert, Anne Priol, Sylvie Van Cleven, Caroline Victoria.
Sitôt rentrés de la guerre, Bénédict et Claudio, deux jeunes gens et amis, rendent visite à Léonato un homme bien né et fortuné. Claudio est séduit par la beauté de la douce Héro, fille unique de Léonato. Il en tombe amoureux et demande sa main. Bénédict s’amuse de ce mariage si vite conclu. Lui se destine au célibat tout comme Béatrice, la nièce de Léonato. Les flèches assassines qu’ils se décochent attisent une inimitié que leur entourage va s’évertuer à changer en amour afin de les mener au mariage. Leur plan est simple mais efficace. Il s’agit de faire courir le bruit aux oreilles des intéressés que Bénédict aime Béatrice et vice versa. Au même moment, don Juan, le frère de Claudio, le cœur plein de haine et de jalousie, promet son amour et un avenir à Marguerite qui a élevé Héro. Ces fausses promesses lui permettent d’échafauder un plan dont le but est de faire échouer le mariage de son frère, source de joie pour tous sauf pour lui. Pendant que Bénédict et Béatrice tombent dans le piège qui leur est tendu et jouent au chat et à la souris, marivaudant avant l’heure, Claudio tombe également dans celui ourdi par son frère et rompt l’union qu’il allait contracter avec Héro, entraînant celle-ci dans le désespoir. Après un moment d’affolement qui glisse vers la tragédie, une troisième machination remet de l’ordre dans les cœurs et tout finit bien.
Shakespeare mêle dans cette comédie écrite en 1598 tous les ingrédients des sentiments, amour, haine, jalousie, vengeance et réparation, avec un formidable enthousiasme et un humour enjoué. Et s'il fit en son temps le bonheur du public élisabéthain, il fait aujourd’hui encore celui du public sarkozien! Beaucoup de bruit pour rien inspira aussi à Kenneth Branagh un film ravissant. Philippe Honoré fait une synthèse intéressante de l'oeuvre en ne retenant que les principaux personnages et les principaux événements. Il ramène la durée de la pièce à une heure et quart. Philippe Person, dans sa mise en scène, replace l'action dans le contexte des années 50. Bénédict et Claudio deviennent ainsi deux G.I revenant du Viet-Nam tandis que Héro et Béatrice n'ont qu'une pensée, celle de s'amuser dans ce climat d'après guerre.
Un peu interloqués de prime abord, on entre volontiers dans le jeu. Les comédiens tous épatants, emportés à cent à l’heure dans une mise en scène troussée à la diable, bavardent, jouent, chantent ou dansent au rythme des musiques et des danses de la même époque. Ils évoluent dans un décor minimaliste mais efficace. Cette variation rigolote a le mérite de faire connaître les grandes lignes d'une des rares comédies du grand dramaturge. Théâtre du Lucernaire 6e.


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