BARON
Article
publié dans la Lettre n° 203
BARON
de Jean-Marie Besset. Mise en scène Jean-Marie Besset et Gilbert
Désvaux avec Maxime Leroux, Christine Gagnieux, Eva Darlan, Pierre
Aussedat, Joël Demarty, Stéphan Guérin-Tillié.
Il est auteur dramatique, elle est comédienne. Le couple idéal,
en somme. Bon an, mal an, Blanche, vedette de cinéma, joue les pièces
de Jean. Mais l’habitude crée des grincements. Blanche désire un
autre théâtre, des créations plus modernes. Son nom fait l’affiche
mais elle rêve de la reconnaissance des intellectuels. Tout l’insupporte
jusqu’au salon conjugal qu’elle trouve désespérément bourgeois.
La bibliothèque ancienne remplie des oeuvres complètes de Feydeau,
Bourdet, Guitry appartient au passé. Blanche recouvre d’un drap
ce symbole gênant de ses succès. Elle reçoit le nouveau metteur
en scène à la mode, Thomas Knaben. Le génial Knaben est un condensé
de Bob Wilson, Langhoff et Peter Stein, de quoi faire frémir les
théâtres privés. Jean est profondément blessé par les reproches
de sa femme et par son reniement. Il est vrai qu’il est obsédé par
un sujet de pièce sur Baron, de l’Illustre Théâtre et du
triangle amoureux formé par Molière, Armande et lui. Jean rencontre
un jeune comédien de la troupe de Knaben. Il trouve en lui un interlocuteur
attentif et l’interprète de Baron. Un jeu de séduction s’établit
entre les deux hommes.
Une création de Jean-Marie Besset n’est jamais anodine. Il parle
de théâtre, de création, de mode et d’amour. Il fustige avec justesse
un certain théâtre donneur de leçon, la satire est excellente. Besset
sait dessiner des personnages forts. Il leur donne l’épaisseur du
vécu. Son sens incontestable du dialogue, mêlant la richesse de
la langue à l’élégance du style, offre un texte brillant, peut-être
trop ambitieux dans la variété des sujets abordés. Il y avait la
matière de deux pièces.
Baron est servi par une brillante distribution d’autant plus
que chaque rôle doit être joué sur le fil. Maxime Leroux est bien
attachant et il donne corps à son errance. Christine Gagnieux, forte
et ambitieuse, impose un rôle où elle pourrait être antipathique,
elle fait passer le questionnement de son personnage. Pierre Aussedat,
Joël Demarty et Stéphane Guérin-Tillié sont justes dans leur partition.
Eva Darlan est l’agent parfaitement fantasque, elle fait une composition
pétillante. Baron est une pièce qui sera mieux comprise dans quelques
années. Les pièces sont comme certains vins qui expriment mieux
leur esprit après décantage. Théâtre Tristan Bernard 8e (01.45.22.08.40)
(Lettre 203) (Photo
de la pièce).
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