LE BAL DES ZINGUES

Article publié exclusivement sur Internet avec la Lettre n° 342
du 11 juin 2012

LE BAL DES ZINGUES de Bertrand Lacy et Luc Lavandier. Mise en scène de Bertrand Lacy avec Ambre Ferrante, Renaud Castel, Bertrand Lacy.
Pierrot a un pet au casque. Une vilaine cicatrice au front en fait foi, indélébile trépanation à ravages dans sa tête fêlée d'aviateur. En tout cas, c'est ce qu'il affirme à son comparse Bébert, un autre fondu de la cervelle, quand ils jouent à l'avion. Bébert qui ne grandira jamais, avec maman tricoteuse et femme traîtresse, qui l'ont abandonné à ses errances de doux zinzin. Et quand Natacha s'en mêle, avec sa voix de crécelle, son rire de niaise hystérique et ses cris à vous vriller les tympans, la folie est au rendez-vous. Douce ? Voire… Pierrot bougonne et ordonne, Bébert zézaie et bégaie, Natacha hurle, chante et danse. On n'ose imaginer le spectacle abouti dont le programme se décline en répétitions toutes plus calamiteuses. Il est vrai que les spectateurs de cette imminente représentation psychiatrique sauront à quoi s'en tenir… Entre chansons et chorégraphies, rêves de voyage ou de libération, et souvenirs d'escamotage conjugal, où prend pied la réalité des choses, où commence la folie? Même les camisoles sont à l'envers, c'est dire. Les trois complices s'en donnent à c(h)œur-joie et rire-gorge et le public se garde bien de leur résister…
Heureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière, disait Michel Audiard… Théâtre des Blancs-Manteaux 4e.

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