LES BACCHANTES

Article publié dans la Lettre n° 241


LES BACCHANTES d’Euripide. Traduction Jean et Mayotte Bollack. Mise en scène André Wilms. Scénographie Nicky Riéti. Chorégraphie Joëlle Bouvier avec Catherine Samie, Catherine Salviat, Martine Chevallier, Véronique Vella, Anne Kessler, Michel Robin, Sylvia Bergé, Eric Ruf, Florence Viala, Denis Podalydès, Céline Samie, Jérôme Pouly, Daniel Znyk.
Dionysos, fils de Zeus et d’une mortelle Sémélé, fille de Cadmos, a pris forme humaine pour revenir à Thèbes, la cité de sa mère. La vengeance le conduit car dans cette ville, régie par son cousin Penthée, on ne respecte ni son culte ni sa divinité. Il incite tout d’abord les femmes de Thèbes, parmi lesquelles Agavé, mère de Penthée, à se rendre dans la montagne afin de rendre un culte au Dieu du vin et des plaisirs. Malgré les exhortations à la prudence de Tirésias, devin aveugle, et de Cadmos, fondateur de Thèbes qui a confié le pouvoir à son petit-fils, Penthée fait arrêter et emprisonner Dionysos et les bacchantes qui l’accompagnent, qu’un prodige du Dieu vont bientôt délivrer. Après avoir verbalement affronté Penthée, Dionysos s’échappe et détruit le palais par le feu tandis que dans la montagne les bacchantes, sous influence du Dieu, se livrent à des débordements sanglants. Dionysos persuade alors Penthée de se déguiser en femme afin d’aller juger par lui-même de la situation.
Cette oeuvre est peut-être la dernière d’Euripide, le plus jeune des trois grands tragiques grecs. Ayant transformé le théâtre de ses pairs, cette pièce est « un seuil résolument franchi dans l’histoire du théâtre». Le texte d’Euripide entre au répertoire de la Comédie Française dans une traduction de Jean Bollack, celui-ci ajoutant à cette spécialité trentenaire un vif intérêt pour la mise en scène, activité non négligeable pour ajuster les mots à la scène. André Wilms s’est intéressé à l’oeuvre pour sa résonance religieuse qui, selon lui, fait écho dans le contexte religieux d’aujourd’hui.
Pièce aux multiples facettes, on peut aussi y voir une condamnation du dionysionisme. Il a choisi la simplicité et la clarté pour mettre en scène cette tragédie au texte riche, construite pour un environnement extérieur où s’invitaient le ciel, les étoiles, le vent et la chaleur. Cette simplicité tranche avec le décor ambitieux aux couleurs bariolées qui se mêlent au noir et blanc plus sobre. Le choeur des femmes est omniprésent tout au long de la pièce. Le formidable travail de sa chorégraphe s’inscrit parfaitement dans la scénographie. Michel Robin (Tirésias), Eric Ruf (Penthée), Daniel Znyk ( Cadmos), Martine Chevallier (Agavé), Denis Podalydès (Dionysos) se fondent avec talent dans leur rôle. Un spectacle peu commun, dont la démesure se fait sage sous la baguette d’André Wilms. Comédie Française 1er (08.25.10.16.80). Lien : www.comedie-francaise.fr. En alternance jusqu’au 4 juin 2005.


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