AUTOUR DE LA FOLIE

Article publié dans la Lettre n° 329
du 19 septembre 2011


AUTOUR DE LA FOLIE. Textes de Maupassant, Flaubert, Shakespeare, Michaux... Mise en scène Arnaud Denis, assisté de Jonathan Max-Bernard, avec Arnaud Denis.
La folie ? Chacun croit l’avoir, de près ou de loin, un jour côtoyée, fréquentée, fantasmée. Légère, amusante, dérisoire, inquiétante, terrifiante. Arnaud Denis a puisé dans les textes d’auteurs célèbres, romanesques ou poétiques, des XVIIe, XIXe et XXe siècles, pour en construire un cheminement entre rire et angoisse auquel, seul en scène, il convie le spectateur.
Tout commence, dans un anglais tout à fait compréhensible, par un entretien entre la voix off du psychiatre et son patient tout de blanc vêtu, qui évoque ces voix qu’il entend, si réelles, si proches.
Par tableaux successifs, entrecoupés de l’obscurité la plus totale, il va parcourir un chemin de douleur, en donnant sa voix à Maupassant, Flaubert, Lautréamont, Michaux, Shakespeare, Karl Valentin, avant de le clore sur l’apparente légèreté d’une chanson de Francis Blanche.
Et on en vient à se demander ce qui est le plus inquiétant, le plus fou, le plus dangereux : le discours intelligemment structuré, semble-t-il, mais rythmé de tics et tocs et autres bégaiements ? La violence des cris et autres éructations de l’homme enchaîné ? La lettre monochromatique autour du verbe écrire ? La crucifixion grouillante ? Ou encore la comptine de l’enfant que caressent des mains que l’on pourrait croire indépendantes ?
Le public s’étonne, dans un silence oppressé, avant d’éclater de rires violents à l’aune de son trouble et de son effroi. Les objets rapetissent au fil de l’enfermement et sonnent le glas des repères rassurants. L’intensité est saisissante, dans la panique croissante de ce noir et blanc duquel on ne peut s’abstraire.
Arnaud Denis est époustouflant de vraisemblance. La mise en scène et l’enchaînement de ces textes étranges ne laissent aucun répit. Le public s’ébroue lentement au sortir d’un tel délire et peine à retrouver ses repères. Alors, qui est fou ? Décidément ça ne tourne pas rond…mais quelle superbe leçon de théâtre ! Théâtre du Lucernaire 6e. A.D.


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