AUDIARD PAR AUDIARD

Article publié dans la Lettre n° 315


AUDIARD PAR AUDIARD. Montage et lecture Jean-Pierre Kalfon.
A cette lecture de Audiard par Audiard, on se rend sans se poser de questions, ne serait-ce que pour retrouver le plaisir d’entendre quelques-unes des répliques percutantes qui firent la notoriété de son auteur et font encore partie du langage de ceux qui l’ont connu et apprécié. Citons entre autres l’une des plus célèbres que l’on peut malheureusement continuer de proférer à satiété aujourd’hui : « Quand on mettra les cons sur orbite, t’as pas fini de tourner » ! Revient alors immanquablement en mémoire le souvenir de ceux qui les ont prononcées, en l’occurrence Jean Gabin à Robert Dalban dans Le Pacha pour celle-ci, mais aussi Ventura, Blier, Belmondo, Delon et les autres… Audiard ne fait pas partie d’une époque révolue, celle d’un auteur dont les dialogues contribuèrent à la célébrité d’acteurs presque tous disparus qui nous ont fait rire, pleurer, rêver, il fait aussi partie de celle du XXIe siècle, parce que ces répliques-là sont encore dans l’air d’aujourd’hui. Ce n’est pas une question de génération, je connais un trentenaire qui récite des dialogues entiers des Tontons flingueurs.
Jean-Pierre Kalfon, en parcourant le livre de René Château, ne raconte pas seulement l’Audiard auteur et dialoguiste mais aussi l’Audiard-enfant né de père inconnu et abandonné par sa mère, l’Audiard-jeune homme de vingt ans à la guerre et sa vision toute personnelle et juste des français durant l’occupation et la libération, l’Audiard-père perdant son fils, puis celui malmené par les critiques qui ont massacré ses œuvres durant des années. En France, le talent, le plus souvent, dérange, surtout lorsqu’il vient de quelqu’un qui débute, qui promet, mais n’a pas encore donné toute sa mesure. Michel Audiard n’a pas été le seul à en faire les frais et a en ressentir une certaine amertume. On se souvient du point de vue tranchant assené par Les Cahiers du cinéma lors de la sortie de Le propre de l’homme, premier film de Lelouch : « Claude Lelouch, retenez bien ce nom, vous n’en entendrez plus jamais parler » !
Jean-Pierre Kalfon réussit le tour de force de faire un choix judicieux parmi les multiples pages du livre de René Château. Une chaise, un guéridon, une carafe d’eau et il nous enchante en nous racontant tout simplement Michel Audiard tel que nous l’avons gardé dans notre mémoire, encore si vivant. Nous avons été heureux d’être au rendez-vous, alors, vous, ne le manquez pas. Théâtre de La Huchette 5e.


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