ANATOLE

Article publié dans la Lettre n° 217


ANATOLE d’Arthur Schnitzler. Traduction et mise en scène Claude Baqué avec Carlo Brandt, Zabou Breitman, Jacques Denis, Laurent Bariteau.
Anatole est la première oeuvre dramatique d’Arthur Schnitzler. Elle est conçue en sept petites pièces en un acte, indépendantes les unes des autres, qui mettent en scène un personnage, Anatole, l’une de ses maîtresses et la plupart du temps le personnage de Max, l’ami. Le couple est le centre de l’investigation de l’auteur. Pièce après pièce, il en fait découvrir tous les aspects, grâce à une extrême connaissance des caractères si dissemblables des deux sexes, dans l’ambiance spéciale de la fin du XIXe à Vienne.
De l’amant, il décèle et décrit le penchant possessif, le refus de se donner complètement, la jalousie, la crainte d’être trompé et la préférence de l’ignorer, l’attachement superficiel, l’inconstance, l’orgueil de rompre le premier, le désir de domination qui tombe parfois dans la goujaterie. De la femme, il met en relief la frivolité, l’angoisse de sa précarité matérielle mais surtout l’éternelle quête du grand amour partagé et la désillusion de ne jamais le trouver, simplement parce que l’homme ne lui fait pas confiance.
Pour mettre en scène ces sept petites pièces, Claude Baqué choisit la simplicité dans un décor qui se prête particulièrement bien aux changements d’actes. Carlo Brandt (Anatole) et Jacques Denis (Max) glissent d’une pièce à l’autre avec aisance. Si Jacques Denis est parfait dans le rôle de l’ami, Carlo Brandt campe un Anatole qui gagnerait à une plus grande sobriété. Apparaissant à chaque acte dans un costume ravissant et différent, Zabou Breitman fait face à merveille au difficile travail de caméléon, jouant aussi bien la bourgeoise que l’actrice ou la grisette avec le formidable talent qu’on lui connaît.
Au cycle des sept Anatole, Claude Baqué et son équipe ont pris le parti d’ajouter un huitème acte, publié à part. Il vient comme un épilogue à ces échanges amoureux. Anatole, devenu âgé, n’a pas su se donner et faire confiance de crainte d’être incompris, il est trop tard, il le regrette. Ce dernier acte a l’avantage de fermer joliment le livre d’une vie mais l’inconvénient d’allonger encore un spectacle déjà fort long. Athénée Théâtre Louis-Jouvet 9e (01.53.05.19.19) jusqu’au 1er novembre 2003. Lien: www.athenee-theatre.com/flash.htm


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