L'AMOUR A TROIS

Article publié dans la Lettre n° 234


L’AMOUR A TROIS d’après Le Grand Vizir et Pour ses beaux yeux de René de Obaldia. Adaptation et mise en scène Thomas Le Douarec et Pierre Forest avec Pierre Forest, Michèle Bourdet, Thomas Le Douarec.
Arthur et Julie sont heureux, de condition modeste et sans histoire. Pourtant leur petit quotidien ne les satisfait pas. Ils rêvent d’argent, de voyages exotiques et de luxe. Poussé par sa femme, Arthur décide de se présenter à un jeu télévisé dont le premier prix est plus qu’alléchant. Durant des mois, il se prépare, se cultive, ingurgite une somme colossale de définitions et de réponses aux questions les plus vastes. Puis il engage Victor Longchamp de Beaupré, « un professeur de jeu télévisé », afin d’être fin prêt pour le grand jour. Mais les leçons de Victor, qui ressemble à son patronyme, mettent davantage Victor sur la voie de la folie que sur celle du succès, d’autant que le professeur séduit Julie, à la jalousie, grande et légitime du mari. Tandis qu’Arthur est interné à Sainte-Anne, Victor et Julie poursuivent leur idylle. Durant sa convalescence, Arthur se trouve une nouvelle passion: le théâtre. De retour chez lui et contre toute attente, il fait de Victor son ami et l’entraîne dans la création d’une pièce. Lorsque Julie se joint à eux, où commence, où finit la comédie?
René de Obaldia, avec la légèreté, l’imagination et la verve qu’on lui connaît, a écrit parmi toutes ses oeuvres, deux impromptus Le Grand vizir (1956) et Pour ses beaux yeux (1999). Quarante ans les séparent mais le théâtre d’Obaldia est intemporel, il traverse le temps sans prendre une ride. C’est pourquoi Thomas Le Douarec et Pierre Forest les ont mises bout à bout et triturées afin de créer un nouvel impromptu l’Amour à trois qui tire un remarquable parti des deux autres. Leur originalité et leur imagination rejoignent celles de l’auteur tout au long de ce spectacle rafraîchissant, enjoué et très rythmé, diablement bien interprété par nos deux metteurs en scène-comédiens et par Michèle Bourdet, pétillante de malice dans le rôle de Julie. Théâtre de Poche Montparnasse 6e.


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