LES
AMAZONES
Article
publié dans la Lettre n° 216
LES AMAZONES de Jean-Marie Chevret.
Mise en scène Jean-Pierre Dravel et Olivier Macé avec Sonia Dubois,
Fiona Gélin, Chantal Ladesou, Olivier Benard, Aurélien Wik.
Martine est en pleine déprime maniaco-boulimique. Abandonnée par
son mari peu reconnaissant de vingt ans de plats mitonnés, l’ingrat
a préféré une jeune femme post-pubère longiligne. Notre infortunée
se laisse aller. Heureusement Loïc, son locataire, la bouscule.
Le jeune homme est comme un petit frère, sympa et branché, il hante
le Marais en quête de l’âme soeur. Marine est épaulée par Micky,
une femme d’affaires dynamique qui traite l’amour par Email. L’arrivée
inattendue d’Annie, reconstitue le groupe des Amazones, célèbres
chez les scouts. Les Amazones investissent l’appartement de Martine
pour assurer leur quarantaine rugissante. Annie qui a traîné son
collier de coquillages dans tous les clubs Med de la planète,
reine incontestée du macramé, est difficile à recaser dans la vie
active. Elle rêve d’être une croqueuse d’hommes. La quatrième Amazone
expédie à ses copines scoutes (totem mangouste), son petit Guillaume
désespéré par un chagrin d’amour. L’arrivée de l’Apollon de Clermont-Ferrand
bouleverse l’appartement des filles et échauffe les coeurs et les
esprits de tout sexe.
Jean-Marie Chevret renouvelle avec bonheur le théâtre populaire
en mettant le doigt sur des thèmes sociaux en l’exploitant par le
rire. Son pari est gagné, la salle réagit à 100 à l’heure aux répliques
percutantes qui sont autant de flèches assassines décochées par
nos Amazones. La distribution est étonnante. Chantal Ladesou, la
diva du macramé, en fait des tonnes mais sa prestation est rigolote
et plaît au public. Sonia Dubois est très à l’aise et donne une
réplique pleine d’esprit à une Fiona Gélin en super forme qui crédibilise
totalement sa wonder woman. La palme revient sans conteste
aux garçons. Il suffit à Olivier Benard d’apparaître pour déchaîner
une salve d’applaudissements. Il faut dire que ce beau brun perturbateur
est un coup de théâtre à lui tout seul. Aurélien Wik joue avec beaucoup
de tendresse le rôle du jeune homosexuel. Enfin le sujet est traité
sans tabou ni caricature. Jean-Pierre Dravel et Olivier Macé, les
duettistes du succès, savent toujours souligner le détail qui nous
interpelle et choisir des distributions étonnantes et efficaces!
Le succès est une fatalité pour eux car à n’en pas douter, le spectacle
est d’ores et déjà un succès, à l’instar de Ladies Night,
connaissant le même phénomène de spectateurs récidivistes. Il y
a en chacun de nous une Amazone qui sommeille, alors ne boudons
pas notre rire. Théâtre Rive Gauche 14e.
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