24 HEURES DE LA VIE D’UNE FEMME
Article
publié dans la Lettre n° 383
du
25 mai 2015
24 HEURES DE LA VIE D’UNE FEMME de
Stefan Zweig. Adaptation Eric-Emmanuel Schmitt. Mise en scène Steve
Suissa avec Clémentine Célarié, Loris Freeman et Samuel Nibaudeau.
Assise dans le jardin du même hôtel qu’elle fréquenta quelques années
plus tôt, une femme remémore un moment clé de son existence qui
changea complétement sa conception de la vie et prend sa source
dans une anecdote tragique. Un couple était arrivé de Genève trois
jours plus tôt dans l’hôtel, fréquenté par une société aisée. Un
drame survint alors. Un jeune homme se tua volontairement et à la
stupéfaction générale, l’épouse se rua sur lui en hurlant, s’accrochant
désespérément à son cadavre. On apprit alors qu’elle s’apprêtait
à quitter son mari pour partir avec lui. Les clients de l’hôtel,
davantage choqués par le comportement de l’épouse que par le suicide
du jeune homme, n’admirent pas cet écart de conduite et portèrent
sur elle un jugement sévère. La narratrice, elle, comprit ce coup
de folie et se garda de le juger. Elle en donne les raisons en racontant
ce qui lui arriva trois ans plus tôt.
Veuve à quarante ans, elle traînait d’un pays à l’autre son désœuvrement
et sa solitude. Au cours d’un séjour à Monaco, elle entra un soir
dans le casino et en parcourut les salles, observant les joueurs.
Son regard se posa tout à coup sur des mains particulièrement belles.
Son attirance irrépressible pour elles fut le début d’une passion
dévorante de vingt-quatre heures durant lesquelles elle tenta d’arracher
à l’enfer du jeu le jeune homme doté de ces mains là.
Le monologue de Stefan Zweig est une réflexion sur l’âme humaine
et sa surprenante liberté d’action face à la raison. Selon lui,
la passion, qu’elle soit déraisonnée pour une personne, ou dévorante
pour le jeu, possède une puissance dévastatrice qui altère tout
jugement, c’est pourquoi, il faut tenter de comprendre celui qui
en est la proie.
Le metteur en scène et l’équipe technique dotent l’excellente adaptation
d’une mise en scène, et d’une scénographie très énergiques. Les
grands voiles blancs qui tiennent lieu de décor, les projections
qui les animent et les bruitages suggèrent habilement les différents
lieux et sont propices aux nombreux changements de costumes.
La présence successive de Loris Freeman et Samuel Nibaudeau aiguillonne
le long monologue. Excellente, Clémentine Célarié livre avec une
sensualité et une exaltation mêlées, les péripéties de ces vingt-quatre
heures et les sentiments contradictoires qui habitent la narratrice,
veuve presque morte, impuissante face à cette passion inconcevable
qui agit sur elle comme un électrochoc. Théâtre Rive Gauche 14e.
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