UNE
AUTRE VIE
Article
publié dans la Lettre n° 279
UNE AUTRE VIE de et par Emmanuel Vacca.
Mise en scène Niall Henry.
Victor Paillet est seul dans la vie avec un métier de représentant
en chaussettes à coussinets anti-dérapants qui l’ennuie. Afin de
vaincre sa timidité, il s’est inscrit dans un cours de théâtre le
mercredi. Pour son premier essai, Il a appris une scène de Roméo
et Juliette, le moment où Roméo avale le contenu de la fiole de
poison à côté du corps de son aimée. Lorsque son professeur lui
demande pourquoi avoir choisi ce passage, il a simplement répondu : «
Parce que c’est beau ». Difficile pour un timide de se lancer dans
cette ultime tirade, si délicat que Victor se retrouve par erreur
de l’autre côté de la vie, pour son jugement dernier. Il a été pris
pour le vrai Roméo Montaigu ! Pour réparer cette erreur regrettable,
la cour suprême lui donne le droit à une autre vie, mais il devra
la choisir lui-même en respectant un délai. Victor se trouve alors
devant une décision aussi enivrante que cruciale : pour quelle vie
opter? Afin de trancher, il essaye alors les différents « costumes »
des vies qu’il rêverait de vivre: spationaute, P.D.G. de la société
dont il était l’humble représentant, spermatozoïde, celui qui ouvre
les portes du paradis, ou même une simple luciole ? Changera-t-il
son existence pour une autre et en sera-t-il plus heureux ?
Il semble tout jeune sur scène, avec ses quarante printemps, sans
doute parce que tout au long du fil conducteur qu’il suit, perce
une formidable vitalité et une perception simple de la véritable
valeur de la vie. Que nous vivions bien ou mal, l’existence que
nous menons ne nous satisfait jamais complètement. Mais que ferions-nous
si nous avions l’occasion d’en changer ? Emmanuel Vacca tente de
répondre à cette question et là est bien le problème. Où se situe
véritablement ce que nous nommons « bonheur », vu de l’extérieur
ou à l’intérieur de nous mêmes ? Sous des abords poétiques et drôles
et sans aucune prétention, c’est une véritable question philosophique
qu’il pose. Il offre un one man show travaillé, remarquablement
construit et avec un joli choix de chansons, seul sur scène avec
la participation de deux comparses dont la très efficace Yuka Fukushima
et l’apport de décors ingénieux. Les lumières de Christian Lacrampe
et toute une succession de costumes aussi rigolos qu’originaux créés
par Aurélie Jacob sont la cerise sur le gâteau de ce spectacle charmant.
Théâtre du Ranelagh 16e (01.42.88.64.44).
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