UN VIOLON SUR LE TOIT

Article publié dans la Lettre n° 247


UN VIOLON SUR LE TOIT livret de Joseph Stein d’après une nouvelle de Sholom Aleichem. Musique Jerry Bock. Paroles Sheldon Hamick. Mise en scène et chorégraphie originales Jerome Robbins. Adaptation française Stéphane Laporte. Mise en scène Olivier Bénézech, Jeanne Deschaux. Direction musicale Pierre Boutillier avec 24 comédiens dont Franck Vincent, Isabelle Ferron, Sandrine Seubille, Christine Bonnard, Amala Landré, Vincent Heden, Cathy Sabroux, Robert Aburbe et 30 musiciens en alternance.
Au début du XXe siècle, dans le quartier juif de la petite ville russe d’Anatevka, les habitants sont pauvres mais joyeux. Tevye, le laitier, mène une existence paisible entouré de sa femme Golde et de ses trois filles Tzeitel, Hodel et Chava. Tout en assurant au mieux leur subsistance, son souci est de marier ses filles dans le respect des traditions. Autour de lui se pressent une multitude de personnages pittoresques qui, de près ou de loin, interviennent dans sa vie. Yente la marieuse, souhaite unir Tzeitel au vieux boucher. Mais Motel, le tailleur, viendra contrarier ce choix. Ce petit bonheur a une ombre, celle du commissaire, pas mauvais homme, mais contraint d’observer la loi. Arrivent alors en ville de jeunes russes arrogants décidés à « nettoyer » le pays, de jeunes étudiants la tête pleine d’idées révolutionnaires tandis que l’oppression contre le peuple juif est en marche et que point au loin le spectre menaçant de la Shoah.
Créée en 1964 à New-York, cette comédie musicale a collectionné prix et triomphes. En 1971, le film de Norman Jewison confirma ce succès. En l’adaptant et en le mettant en scène aujourd’hui, Stéphane Laporte, Olivier Bénézech et Jeanne Deschaux ont à exploiter un nombre impressionnant de sujets tels que le racisme, le poids des traditions, la libéralisation des mœurs et l’émancipation de la femme. Lorsqu'il écrivit cette nouvelle, c’est toute une époque que voulut rappeler Sholom Aleichem, celle de la disparition d’un monde, le «yiddishland», avec la dispersion de plus de onze millions de juifs qui, fuyant les pogroms, s’installèrent un peu partout dans le monde. La charge émotionnelle inhérente à l’œuvre est palpable sur scène où comédiens, danseurs et chanteurs font merveille, entraînés par l’orchestre. Franck Vincent campe avec force Tevye le laitier, Isabelle Ferron prête sa voix magnifique à Golde. Sandrine Seubille, Christine Bonnard et Amala Landré, les trois filles, jolies et pétillantes, savent donner à leur personnage une originalité qui démarque chacune des deux autres. On ne peut les citer tous, mais tous, qu'ils soient comédiens, chanteurs ou danseurs, contribuent à la grande réussite de l’ensemble par leur professionnalisme et un incontestable talent. Grâce à la mise en scène vive et intense, à des décors judicieux et à des costumes bien dans le ton, ils font de ce spectacle un moment de bonheur complet, trois heures dont on ressort émus et éblouis. Comedia Théâtre 10e.


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