UN DE LA CANEBIERE
Article
publié dans la Lettre n° 322
du
7 février 2011
UN DE LA CANEBIÈRE opérette marseillaise
de Vincent Scotto, René Sarvil et Henri Alibert. Adaptation et mise
en scène Frédéric Muhl Valentin, joué par les Carboni, Troupe de
théâtre forain.
Les Carboni arrivent tout droit de Marseille et l’un d’eux prend
déjà la température de la salle. Un bonjour renseigne, surtout si
le chaland répond « avé l’acent » ! Il y a des marseillais
dans la salle, le contact passe ! Sur scène on s’active, on salue
aussi les arrivants. Bref, on met la dernière main au récit des
derniers potins qui agitent le vallon des Auffes. Une nuit, au cabaret
La Réserve, deux jeunes pêcheurs, Toinet et Girelle, souhaitent
séduire deux jolies filles. Grisés par le champagne et pour frimer
un peu, ils se prétendent propriétaires d’une usine de conditionnement
de sardines à l’huile. Francine et Malou, vendeuses de primeurs,
leur emboîtent le pas et se disent stars d’Hollywood ! Mais le cœur
de Francine balance tout de suite pour Girelle.
Le lendemain, Toinet et Girelle racontent leur aventure à Pénible,
amoureux de Margot, bien marri de ne pas avoir participé à la fête.
Après réflexion, ils décident tous les trois de s’enferrer dans
ce mensonge plutôt que d’avouer la vérité mais, leur dessein va
être quelque peu contrarié par Margot, amoureuse de Girelle. Éconduite
par le jeune homme, elle décide de se venger et persuade un vieux
riche, Bienaimé des Accoules, de passer aux deux compères une commande
de 50 000 boîtes de sardines qui, dans le feu de la discussion et
de la signature du contrat, se transforme en une commande de 500
000 boîtes.
Toinet et Girelle, quelque peu dépassés par la tournure des événements,
aimeraient bien faire machine arrière, mais Bienaimé a perfidement
ajouté une clause au contrat dont ils n’ont pas mesuré la teneur,
ni les conséquences, faute de savoir lire ! Cela dit, le cœur a
ses raisons… Nos compères décident d’assumer leur mensonge.
Vincent Scotto, c’est toute une époque que l’on croyait un peu révolue.
Que nenni ! A mesure que s’égrènent les chansons, des spectateurs
nostalgiques se mettent tout bas à en prononcer les paroles. Et
nous nous apercevons avec stupeur à quel point une mémoire peut
conserver à jamais des refrains : Le plus beau tango du monde,
J’aime la mer comme une femme, Un petit cabanon… sont
sur toutes les lèvres ! La magie opère grâce à ces jeunes acteurs
bourrés de talent qui conquièrent leur public et l’entraînent dans
des péripéties aussi drôles qu’inventives. Ils sont douze sur scène,
virevoltant sans reprendre leur souffle, à faire vibrer la salle
entière de leurs instruments et de leurs voix. Cela décoiffe au
Théâtre 14 ! Théâtre 14 14e.
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