SHOW BOAT

Article publié dans la Lettre n° 316


SHOW BOAT. Musique Jérôme Kern. Livret et lyrics Oscar Hammerstein II, d’après le roman Show boat d’Edna Ferber. Direction musicale Albert Horne. Mise en scène Janice Honeyman avec 28 solistes, un ensemble de 44 artistes et l’Orchestre Pasdeloup.
Créé le 27 décembre 1927 au Ziegfeld Theatre de New York, ce musical, qui surprend alors par sa nouveauté et ses audaces connaît assez vite un immense succès. Il est programmé deux ans plus tard, en 1929, sous le titre Mississipi, au théâtre du Châtelet où il nous revient aujourd’hui dans une production de l’Opéra de Cape Town. L’histoire se déroule sur quarante ans et raconte la vie d’un théâtre flottant, le Cotton Blossom, s’arrêtant de ville en ville le long du Mississipi pour donner son spectacle, les blancs occupant l’orchestre et les noirs le balcon. L’histoire commence en 1885 à Natchez. Les lois raciales du sud sont en vigueur. Les auteurs évoquent le rude labeur des noirs dans les champs de coton et leur crainte des blancs (Cotton Blossom).
Le Capitaine Andy Hawks dirige cette troupe flottante. Sa femme ne veut pas que leur fille Magnolia, surnommée Nola, devienne comédienne malgré l’envie de celle-ci.
Nola fait alors la rencontre d’un jeune homme séduisant, Gaylord Ravenal, vivant du jeu, à qui il est interdit de rester plus de 24 heures en ville. Les jeunes gens tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. Partie à la recherche de sa grande amie Julie, la meilleure comédienne de la troupe du Capitaine Hawks, pour l’interroger sur cet amour, Nola rencontre Joe (Otto Maidi, en alternance avec Paul Madibeng) qui, en guise d’explication, entonne un hymne au Mississipi (Ol’ Man River) qui fait chavirer toute la salle du Châtelet. Peu après, Julie glorifie l’amour contre lequel on ne peut rien (Can’t Help Lovin’Dat Man).
Un drame de la jalousie éclate alors. Le mécanicien, un blanc, amoureux de Julie, qui est une femme de sang mêlé mariée à un acteur blanc de la troupe du bateau, dénonce par dépit le couple au shérif, car les mariages interraciaux sont alors interdits dans le Mississipi. Le couple décide de quitter la troupe. Dommage collatéral pour le spectateur du Châtelet car l’interprète de Julie (Angela Kerrison) est la meilleure chanteuse du spectacle !
Le Capitaine Hawks les remplace avec tristesse par sa fille et son amoureux. Ils font un triomphe. Quelques semaines plus tard, avec la complicité du Capitaine, les jeunes gens profitent de l’absence de la mère pour se marier, en invitant toute la ville. Fin du premier acte. Nous ne raconterons pas l’acte II qui commence huit ans plus tard, à Chicago, durant l’Exposition Universelle (1893).
Les thèmes traités, le racisme, l’alcoolisme, le théâtre et ses clichés, etc. ne sont pas habituels dans un musical, surtout en 1927. Faire jouer ensemble des blancs et des noirs était aussi une nouveauté. Mélanger la musique classique avec la musique noire (blues, spirituals) était nouveau. Quatre-vingts ans plus tard le charme opère encore. Il faut dire que la troupe est excellente, et pas seulement les chanteurs dont nous avons donné les noms, et que ce spectacle où la ségrégation raciale est au cœur du sujet doit évoquer des souvenirs pas si lointains à cette troupe d’Afrique du Sud. La mise en scène est alerte, les décors et les costumes sont tout à fait en phase avec l’époque où se situe cette histoire et l’orchestre apporte toute son énergie à ces airs ensorcelants. Un très beau spectacle, à ne pas rater. TMP Châtelet 1er. R.P. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.chatelet-theatre.com


Retour à l'index des spectacles

Nota: pour revenir à « Spectacles Sélection » il suffit de fermer cette fenêtre ou de la mettre en réduction