OPERA D’CASBAH
ou comment réussir un bon petit couscous

Article publié dans la Lettre n° 215


OPERA D’CASBAH ou comment réussir un bon petit couscous. Spectacle musical de Fellag. Mise en images Jérôme Savary avec Fellag, Biyouna, Abdou Elaidi, Jean-Luc Bernard (percussions),11 musiciens et danseuses.
Remplacer au pied levé l’Opéra d’Casbah, libre adaptation de l’Opéra de quat’sous, c’est l’aventure survenue à Jérôme Savary et Fellag, sommés d’annuler ce spectacle pourtant fort éloigné de l’oeuvre de Brecht. En concoctant dans la foulée une Soirée cabaret algérienne de son cru, Fellag a relevé ce défi avec brio. Il cerne avec un humour ravageur l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui, appelant à ses côtés l’orchestre Chaâbi et Biyouna « une star (pas seulement) en Algérie », à en croire les ovations du public parisien.
La Casbah est une ville dans la ville, quartier mystérieux et impénétrable, célèbre pour le dédale de ses ruelles dont seuls les initiés savent sortir. On s’y cache, on s’y perd et telles les traboules à Lyon, on y résiste encore, toujours et aussi à l’envahisseur. Casbah, le mot déjà envoûte. Mais pour le promeneur, l’animation de ses rues, les couleurs chamarrées de ses étales, l’odeur de ses épices, de sa viande grillée et de ses sucreries, le son magique de sa musique, appellent tout autant au rêve et au dépaysement.
C’est tout cela que restituent Biyouna et Fellag lorsqu’ils racontent les petits riens de la vie ou la dernière plaisanterie du cru, sans oublier d’initier le spectateur aux secrets du meilleur couscous, avec le parler coloré de l’une, l’inimitable éloquence et la profonde culture de l’autre et leur humour parfois grinçant. Car, sous la légendaire courtoisie orientale, percent de temps à autre la violence et la rage d’une communauté qui tente de conserver sa culture ancestrale sans y perdre son âme.
Un public tant maghrébin que français se laisse donc embarquer ensemble et avec plaisir dans ce voyage au coeur d’un peuple que l’on qualifie un peu vite d’arabe, emporté par le son mélodieux de la musique, les pas suggestifs des danseuses. La lumière accompagne de façon subtile une mise en scène rythmée, alors que de superbes photos de l’Algérie et de son peuple animent superbement sous ses yeux, pour les uns des souvenirs enfouis, pour les autres ce qui fait défaut à leur connaissance ou à leur imagination. Opéra Comique 2e (08.25.00.00.58) jusqu’au 29 juin 2003. Lien: www.opera-comique.com.


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