MASTER CLASS Maria Callas

Article publié dans la Lettre n° 289


MASTER CLASS Maria Callas de Terrence Mc Nally. Mise en scène Didier Long avec Marie Laforêt, Leïla Benhamza, Maud Darizcuren, Juan Carlos Echevery, Frédéric Rubay (pianiste).
A la Julliard School of Music de New York en 1972, Maria Callas donne sa dernière Master Class. Elle semble à la fois grande et petite, forte et faible, seule sur scène dans l’attente de ses élèves, avec le pianiste qui s’installe. Maria Callas a perdu sa voix mais pas sa verve légendaire. Elle interpelle, houspille, réclame, exige. Les élèves arrivent. En s’adressant à eux et aux autres installés dans les fauteuils d’orchestre, elle va dispenser cette dernière leçon d’un art qu’elle connaît sur le bout des doigts et pour lequel elle s’est brûlée les doigts… L’un après l’autre, Sophie morte de trac, Sharon la fière et Tony le décontracté montent sur scène, présentent les morceaux qu’ils ont préparés, attendent le conseil mais ploient sous les piques blessantes d’une diva aux convictions sans appel. Entre deux réflexions, deux remontrances, deux humiliations, Callas les reprend, les guide mais égrène aussi ses souvenirs. Ses débuts difficiles, une famille qui la jalouse, ses succès, ses échecs, ses amours contrariées et l’enfant perdu, plaie à jamais ouverte. De cette expérience peu commune, Sophie ressortira heureuse et grandie, Sharon n’acceptera pas la critique et repartira en claquant la porte. Tony ne fera pas long feu mais tous les trois auront senti comme ceux de la salle ce qu’il faut de renoncement, de travail, de courage et d’acharnement pour parvenir au sommet.
Terrence Mc Nally a gardé un souvenir impérissable de la dernière Master Class de l’incomparable cantatrice mais il attendra longtemps avant de le coucher sur le papier pour en créer une pièce. Marie Laforêt reprend aujourd’hui, dans une nouvelle adaptation, ce rôle qui lui valut une nomination aux Molières en 2000. Didier Long privilégie le texte et ne déçoit pas. Nous retrouvons la grande Marie Laforêt à l’allure inchangée, remplissant la scène de son immense présence, incarnant Le mythe et exprimant avec un talent absolu le cheminement intérieur de la diva, bourreau de travail connaissant tout le répertoire sur le bout des doigts mais femme incomprise et à jamais meurtrie, accompagnée de quelques uns des plus beaux passages des opéras qu’elle chanta, moments particulièrement émouvants. Les jeunes artistes qui lui donnent la réplique sont tous trois déjà dotés d’un formidable métier de chanteurs lyriques. Une belle performance. Théâtre de Paris 9e.


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