ROLAND MAGDANE
Attention, c'est show !

Article publié dans la Lettre n° 312

ROLAND MAGDANE dans « Attention, c’est show !».
Si beaucoup méconnaissent son curriculum vitae, assez impressionnant pour faire pâlir d’envie le comédien le plus accompli, tout un chacun connaît Roland Magdane tant ses réflexions ou bons mots parcourent les ondes de toutes les radios. Des questions qui lui traversent l’esprit et que le commun des mortels finit par se poser lui-même. C’est vrai, non ? Quand il ne reste au vendeur de ballons qu’un seul exemplaire à vendre, comment sait-on qu’il s’agit d’un vendeur de ballons ? Quand vous achetez un boomerang neuf, cela n’arrive pas tous les jours, je le conçois, mais, comment faites-vous pour vous débarrasser du vieux ? Les définitions et les calambours font aussi partie de son répertoire. C’est pourquoi il vous explique qu’un pou sur un chauve est un sans-abri ou qu’un taureau en string est une vache folle. Je vous laisse deviner ce qu’est un flic sur un tracteur...
Les souvenirs d’enfance sont une grande part de nous-mêmes. Évoquer le fameux maillot de bain en laine tricotée est incontournable. Combien de mains maternelles, aussi expertes qu’assassines, n’ont-elles pas tué les moments heureux des vacances à la mer à cause de cette ahurissante culotte gonflée d’eau qui grandissait au même rythme que son propriétaire ? Même Patrice Leconte s’en émut dans une scène mémorable de son film le Mari de la coiffeuse, épisode conté de façon non moins mémorable par Jean Rochefort !
L’ado de quinze ans, excusez le pléonasme, est, lui, l’objet de toutes ses inquiétudes. Toujours crevé, il est si mou que, paraît-il, son ombre le dépasse quand il avance. Roland Magdane est lui-même dépassé, surtout à l’arrivée du bulletin scolaire auquel il n’a pas toujours accès, le chérubin l’ayant passé à un copain pour qu’il fasse peur à son père. Question grammaire, vous apprendrez que le futur de je baille est je dors...
Notre humoriste adopte alors sa vitesse de croisière et raconte les Noëls de son enfance, ses voyages, sa grande expérience de la thalasso, motifs de moult anecdotes, ou encore la vie de couple et sa grande question : L’ homme et la femme sont-ils vraiment faits pour vivre ensemble ?
Mais le grand moment reste toutefois les très célèbres lettres du petit-fils, en vacances chez pépé et mémé. Là, il laisse pantois: Comment fait-il pour égrener autant de réflexions à la minute ? À ce moment-là, un rire continu parcourt la salle car le pépé, c’est quelque chose : maintenant à la retraite, il était autrefois opticien-ébéniste puisqu’il fabriquait des lunettes en bois pour W.C ! Lors d’une visite au salon de l’agriculture, Pépé a trouvé une machine qui fait la moitié de son travail. Il en a bien sûr acheté deux ! Pépé boit beaucoup et, dans ces cas-là, les conséquences sont imprévisibles : un jour d’ivresse, il peut décider d’ouvrir un velux dans sa chambre… à la grande fureur de son voisin du dessus ! Scène dépouillée, costume sombre, Roland Magdane choisit la sobriété mais brûle néanmoins les planches avec une fougue et un débit tellement délirants que, surpris par la réaction d’un public qui n’en peut plus, il l’interroge : « Vous avez bu avant de venir ? ».
Ce qui est sûr, c’est que ce même public n’aura nul besoin d’aller noyer son chagrin dans l’alcool en sortant. Roland Magdane l’a revigoré pour longtemps. Théâtre des Nouveautés 9e.

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