LE JOUR OÙ JE SUIS DEVENUE CHANTEUSE BLACK

Article publié dans la Lettre n° 367
du 14 avril 2014


LE JOUR OÙ JE SUIS DEVENUE CHANTEUSE BLACK de Caroline Devismes et Thomas Le Douarec. Mise en scène de Thomas Le Douarec avec Caroline Devismes et Lauri Lupi.
Des talons aiguille à faire douter des lois de l’équilibre, une tignasse de lionne à la blondeur des sables, celle que l’on prendrait, vraiment à tort !, pour une nunuche en mal de radio-crochet sort de sa chrysalide sous les yeux, le piano et le désir croissant d’un petit imposteur qui jouerait bien les Stevie Wonder.
Que ne ferait-il pas pour séduire une telle liane souple et mouvante, dotée d’une voix à faire frémir le plus pur cristal et émouvoir le Sud le plus jazzy ? Sans compter qu’elle lui offre, sans avoir à les inventer, les aléas invraisemblables d’une généalogie hors du commun ? Alors, pour un faux black emperruqué, échappé de son Alsace natale, quelle aubaine ! C’est comme ça qu’on devient Pygmalion sans même imaginer l’ampleur du diamant qu’on se contenterait bien de jalouser pour soi…
A la magnifique souplesse du corps répond la non moins époustouflante souplesse d’une voix qui joue avec les aigus comme avec la profondeur rauque des grandes chanteuses de blues. Noires, justement. Caroline Devismes est divine et joyeusement inclassable dans ce parcours autobiographique entre émotion et humour, et on a pour elle les yeux de Lauri Lupi, dont le piano agile, les yeux ébahis, même s’il se prétend aveugle…, et l’admiration rieuse lui font cortège. Supremes, Temptations, quand on vous dit jubilatoire… La Manufacture des Abbesses 18e. A.D.


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